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Pour l’ensemble de son œuvre

Paris
Salle Pleyel
11/15/2006 -  et 16* novembre 2006
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1, opus 107 – Symphonie n° 8, opus 65

Tatiana Vassilieva (violoncelle)
Orchestre de Paris, Mstislav Rostropovitch (direction)


Mstislav Rostropovitch a tissé de longue date des liens étroits avec les formations parisiennes, ce dont témoignent notamment ses disques avec l’Orchestre national de France. Mais ses dernières apparitions dans la capitale n’en remontaient pas moins, sauf erreur, à novembre 1999 en tant que soliste et à janvier 2001 en tant que chef. La présente saison, qui marquera son quatre-vingtième anniversaire, lui réserve en revanche une large place, et ce en deux temps: d’une part, deux programmes avec l’Orchestre de Paris, intégralement consacrés à Chostakovitch et donnés chacun à deux reprises; d’autre part, le 25 juin, un hommage de l’Orchestre philharmonique de Radio France, comprenant la création d’un Gloria d’Eric Tanguy.


Pour le premier de ses deux programmes avec l’Orchestre de Paris, Rostropovitch accompagnait d’abord celle qui, en 2001, a remporté le premier grand prix du concours auquel il a donné son nom, Tatiana Vassilieva, dans l’une des nombreuses œuvres qu’il a suscitées et créées tout au long de sa carrière, le Premier concerto (1959) de Chostakovitch. Alors que la plupart des violoncellistes, dans cette pièce qui est devenue l’un de leurs chevaux de bataille, au détriment du Second concerto, plus secret, mettent en valeur de façon un peu univoque son caractère mordant et désespéré, la jeune Russe – elle n’a pas encore trente ans – en offre une lecture très nuancée, faisant ressortir autant que possible le lyrisme de l’écriture. Déployant une technique au-dessus de tout soupçon (justesse, puissance, virtuosité), elle ne s’alanguit pas dans le mouvement central, effectivement marqué Moderato. Mais elle ne précipite pas pour autant l’Allegro con moto conclusif, qui n’en prend qu’un tour plus cauchemardesque, d’autant que l’orchestre, jusque là assez absent, nonobstant les interventions superbement timbrées d’André Cazalet au cor, semble alors retrouver des couleurs.


S’il dirige régulièrement depuis près de quarante ans, force est cependant de reconnaître que Rostropovitch n’a pas toujours fait l’unanimité à la baguette. Mais avec un compositeur qu’il a si bien connu et servi, tous les espoirs étaient permis, d’autant que voici exactement deux ans, il a laissé de sa Huitième symphonie (1943) un enregistrement public avec l’Orchestre symphonique de Londres, paru chez LSO Live, qui a reçu un accueil très favorable. Nul doute, au demeurant, que l’adolescent de seize ans qu’il était au moment des circonstances tragiques de sa composition n’éprouve de profondes affinités avec cette vaste épopée symphonique.


De fait, sa gestuelle est indéniablement habitée, de même que l’expression de son visage, et bien qu’affaibli et très amaigri, Rostropovitch soutient l’effort près d’une heure et quart durant. Mais ce sont précisément ces tempi extrêmement étirés – dix minutes de plus que la moyenne – qui posent problème, lestant une approche étonnamment absente et éteinte, terne et atone, privant d’élan, de contrastes et de mordant ces pages barbares qui évoquent une mécanique implacable, tout en ne parvenant pas à faire vivre les longues sections méditatives. Les musiciens ne sont toutefois pas en cause, avec de remarquables soli de cor anglais, de piccolo et de basson.


Comme le font souvent les artistes russes, le chef brandit la partition pour la faire acclamer par le public. Mais il n’est semble-t-il point de saluts dignes de ce nom, de nos jours, sans standing ovation: Rostropovitch, le partenaire d’Oïstrakh et de Richter, l’ami de Prokofiev et de Chostakovitch, qui a acquis de son vivant une stature mythique, n’est certes pas le dernier à la mériter. Pour l’ensemble de son œuvre.


Le site de Tatiana Vassilieva



Simon Corley

 

 

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