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Millésime moyen pour L’Elixir d’amour

Paris
Opéra Bastille
10/25/2006 -  et le 30* octobre, les 3, 8, 11, 15, 17 & 19 novembre
Gaetano Donizetti : L’elisir d’amore
Heidi Grant Murphy (Adina), Charles Castronovo (Nemorino), Laurent Naouri (Belcore), Alberto Rinaldi (Dulcamara), Aleksandra Zamojska (Giannetta)
Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Paris, Edward Gardner (direction)
Laurent Pelly (mise en scène)


Cet Elixir mis en bouteille par Laurent Pelly la saison dernière procure toujours un grand plaisir. Le décor Italie années cinquante, alla Vittorio de Sica, le tas de foin, le petit chien qui aboie et traverse la scène, le chant des cigales, les mobylettes, tout cela passe bien, le metteur en scène ayant joué la carte de la fraîcheur, de la vie et de l’humour. Se référant à Fellini, il s’est heureusement inspiré du cinéma italien et a vraiment réussi à recréer un univers, avec un travail chorégraphique très réussi sur les chœurs, comme il sait le faire, où l’on sent tout son goût pour la comédie musicale. Un regret cependant : Belcore, devenu carabinier poseur et obsédé, est tellement outré qu’il en est aussi grotesque que vulgaire, là où il fallait jouer plus subtilement, comme le fait la musique, sur le second degré.
Dans Belcore, justement, Laurent Naouri ne s’égare pas moins. Ce chant grossièrement surarticulé, aux phrasés sommaires, relève d’un mal canto qui n’a rien à voir avec la partition de Donizetti. Que le chanteur brûle les planches et fasse rire le public ne change rien à l’affaire. Par comparaison, même élimé, usant d’expédients, Alberto Rinaldi paraît d’autant plus à sa place en Dulcamara, vraie basse bouffe sachant jusqu’où l’on peut aller quand on veut à la fois bien chanter – italien, pour le coup – et amuser. La palme revient cependant au Nemorino de Charles Castronovo, pour son joli timbre et son style châtié ; un peu timide au début, il prend progressivement de l’assurance, phrasant et nuançant scrupuleusement « Una furtiva lagrima ». Heidi Grant Murphy, en revanche, a bien du mal à convaincre malgré un ou deux passages bienvenus : il faut plus qu’un filet de voix sans médium et sans couleur pour chanter Adina, qui n’a rien d’une soubrette. Certes on la remerciera d’avoir, alors qu’elle était souffrante, assuré la totalité de la représentation du 30, mais on sait bien, depuis Les Noces de Figaro à Garnier, que la voix ne se projette pas.


On ne reprochera pas à Edward Gardner de prendre parfois son temps : il cherche à créer des ambiances, à modeler les sonorités, à montrer que l’orchestre de Donizetti existe. Mais la médaille a son revers : sa direction manque d’élan, de vie, de rythme, comme s’il oubliait le théâtre – un comble pour un ouvrage giocoso ; l’élixir manque de corps et de bouquet.



Didier van Moere

 

 

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