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Visa pour l’Allemagne

Paris
Salle Pleyel
10/25/2006 -  et 26* octobre (Paris), 2 novembre (Essen) 2006
Wolfgang Amadeus Mozart : Ouverture des «Noces de Figaro», K. 492 – Concerto pour piano n° 23, K. 488
Maurice Ravel : Ma Mère l’oye – Boléro
Albert Roussel : Bacchus et Ariane (Suite n° 2), opus 43

Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (piano et direction)


Avant de partir en résidence à Essen, où ils se produiront pour trois concerts symphoniques et une session de musique de chambre, l’Orchestre de Paris et son directeur musical rodaient à deux reprises le programme qu’ils y donneront le 2 novembre prochain, associant aux «spécialités» françaises toujours très demandées à l’étranger (Ravel, Roussel) la figure imposée (Mozart) de cette année 2006.


La soirée débute sous d’excellents auspices, avec une ouverture des Noces de Figaro (1786) superbement ciselée, vive sans précipitation, tranchante et fruitée, démontrant qu’une phalange moderne à effectif raisonnable (quarante cordes) peut encore concurrencer sans peine les formations baroques dans ce répertoire. Dans le Vingt-troisième concerto pour piano, achevé au lendemain de la création des Noces, Eschenbach confirme que sa technique et son toucher demeurent remarquables, mais l’approche, apprêtée, déçoit: trop souvent, le joli l’emporte sur le beau, le maniérisme sur le naturel. Le tempo de l’Adagio, globalement lent, fluctue sans cesse, plus particulièrement dans les soli, mais l’Allegro assai conclut avec une verve opératique. Quelques problèmes de mise en place émaillent cependant l’interprétation de ce concerto que, par coïncidence, Daniel Barenboim, trois jours plus tôt au Châtelet, dirigeait également depuis le piano.


Changement de décor complet (et de chefs de pupitres) pour la seconde partie, encore que Ma Mère l’oye (1910/1911) de Ravel mérite sans doute, par sa fragilité et sa délicatesse, les mêmes soins et la même attention que la musique de Mozart. Il n’est pas certain que l’objectif ait été atteint avec cette sonorité toute en rondeur, ces phrasés affectés et ces tempi alanguis, même si la qualité du travail orchestral reste au-dessus de tout soupçon. Epilogue obligé d’un orchestre français en tournée, le Boléro (1928) surprend: en excellent showman, Eschenbach ne reprend la baguette qu’au mi majeur des toutes dernières mesures, se contentant jusque là de quelques indications de la tête. Le message est clair: «mon orchestre est un bel outil qui fonctionne tout seul». De fait, les soli successifs sont impeccables – où diable Pascal Moraguès va-t-il chercher des notes aussi miraculeuses? – mais malgré son mécanisme répétitif, l’œuvre demande à être fermement tenue: or, non seulement la vitesse tend à s’accélérer légèrement mais surtout, l’impression prévaut que le tout manque de carrure, les interventions successives s’enchaînant librement, comme si chacun était livré à lui-même.


Entre-temps, plutôt qu’un tout ravélien – avec par exemple la Seconde suite de Daphnis et Chloé, autre morceau apprécié pour mettre en valeur les musiciens – c’est également une page favorite de Münch, le fondateur de l’orchestre, que le chef allemand a choisie: la Seconde suite de Bacchus et Ariane (1930) de Roussel, qu’il a déjà jouée en concert (voir ici) puis gravée pour Ondine (voir ici). Les rythmes implacables conviennent à la direction volontiers carrée d’Eschenbach, qui instille en même temps de façon assez inhabituelle des couleurs straussiennes dans la partition. L’ensemble ne manque vraiment pas d’allure, depuis le solo d’Ana Bela Chaves jusqu’aux rugissements des cors, et vaut donc largement un visa pour l’Allemagne.



Simon Corley

 

 

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