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Fougue nordique

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/20/2006 -  et le 22 octobre 2006 (Bozar)
Johannes Brahms : Concerto pour piano n°1, opus 15
Jean Sibelius : Symphonie n°1, opus 39

Antti Siirala (piano)
Orchestre National de Belgique, Jonas Alber (direction)


Pour le deuxième concert de la série « Les vendredis de l’ONB », Mikko Franck, le directeur musical de l’Orchestre National de Belgique, a dû déclarer forfait, pour des raisons de santé, et céder la baguette à Jonas Alber (né en 1969 en Allemagne). Toutefois, le programme est resté inchangé. En couplant le Premier concerto pour piano de Brahms avec la Première symphonie de Sibelius, l’ONB a proposé un programme pertinent (le jeune Sibelius fut influencé par Brahms), cohérent (deux œuvres de jeunesse, pleines d’élan et de fougue nordique) et équilibré (deux partitions approximativement de même durée).


Dans le Premier concerto pour piano (1854-1858) de Brahms, le pianiste finlandais Antti Siirala (né à Helsinki en 1979) aura fait preuve de maturité et de maîtrise dans son interprétation. Grâce à un jeu d’une belle sonorité et d’une grande variété de toucher, Antti Siirala assure le drame et la véhémence du Maestoso, la rêverie mélancolique et recueillie de l’Adagio et la verve vigoureuse et robuste du Rondo. On peut certes rêver d’un Brahms encore plus fougueux et enlevé mais Antti Siirala (qui, malgré tout, tend parfois vers une certaine froideur) semble privilégier la finesse et l’expressivité, tout en parvenant à s’imposer face à un orchestre en pleine forme et solidement dirigé par Jonas Alber. La prestation d’Antti Siirala permet d’apercevoir en lui un des futurs grands pianistes de demain. A suivre, assurément.


Quoi de plus normal que programmer une œuvre de Sibelius dans un concert s’inscrivant dans le cadre de la présidence finlandaise de l’Union européenne ? Et quoi de plus naturel que proposer sa Première symphonie (1898-1899, révisée en 1900) après une œuvre de Brahms ? L’influence de ce dernier dans cette symphonie est évidente, mais Tchaïkovski n’est jamais très loin non plus. Toutefois, cette œuvre impétueuse porte déjà en elle les germes du Sibelius plus tardif. Dans cette symphonie, Jonas Alber ne cherche pas midi à quatorze heures. Son approche franche et énergique lui permet d’aller droit au but. Grâce à une direction claire, animée, mais sans effusion incontrôlée, Jonas Alber offre à la tête de l’Orchestre National de Belgique une prestation convaincante et pleine d’ardeur. Elle aurait gagné à être davantage fignolée dans la précision des attaques et des interventions des solistes mais ces derniers auront plus d’une fois offert, au cours de la soirée, des moments de grâce.


Les amateurs de musique contemporaine et d’opéra pourront retrouver Jonas Alber en mars et en avril de l’année prochaine pour la création à La Monnaie de Frühlings Erwachen de Benoît Mernier. Quant à Mikko Franck, il reste à espérer qu’on pourra le retrouver le mois prochain pour fêter les soixante-dix ans de l’Orchestre National de Belgique, dans un programme Chostakovitch/Devreese/Respighi.


Le site de Jonas Alber



Sébastien Foucart

 

 

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