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Voyage dans un fauteuil (d’orchestre)

Paris
Cité de la musique
10/19/2006 -  
Arnold Schönberg : Sérénade, opus 24
György Kurtag : … quasi una fantasia…, opus 27
Luca Francesconi : Etymo

Barbara Hannigan (soprano), Ronan Nédélec (baryton), Dimitri Vassilakis (piano), Thomas Hummel, Tom Mays, Benoît Meudic (réalisation informatique musicale Ircam)
Ensemble intercontemporain, Susanna Mälkki (direction)


Pour la suite de son cycle «La narration du voyage», la Cité de la musique accueillait l’Ensemble intercontemporain dans un programme court mais dense, débutant par la rare Sérénade (1923) de Schönberg, voyage dans le passé, avec ce qu’il faut de distance ironique et amusée. Rien de rébarbatif ou d’expérimental dans ce qu’offrent les sept musiciens, associés au baryton Ronan Nédélec, tant la riche baguette de leur directrice musicale, Susanna Mälkki, sait susciter une grande diversité de climats: Marche ludique et astringente, Menuet tour à tour gracieux et rustique, Variations transparentes et précises, Sonnet de Pétrarque véhément et lyrique, Scène de danse vive et bondissante, Chant sans paroles délicat et expressif, Finale électrique et entraînant.


Entre Mozart et Chostakovitch, entre Schumann et Dutilleux, Kurtag, qui fête cette année ses quatre-vingts ans, est l’un des grands oubliés parmi les «anniversaires» de 2006, alors même qu’il réside désormais en France. Avec … quasi una fantasia… (1988), le compositeur hongrois propose un autre voyage dans le passé, ne serait-ce que par sa référence explicite à Beethoven, tant par son titre que par son numéro d’opus. Mais ce concerto pour piano est également un voyage du son dans l’espace, l’accompagnement – si l’on peut encore utiliser ce terme – étant réparti dans l’ensemble de la salle, sur deux niveaux, seuls la percussion, la harpe, le célesta et le cymbalum demeurant sur la scène. Avec Dimitri Vassilakis en soliste, l’interprétation de cette œuvre aussi brève (neuf minutes) que forte rend justice aussi bien à l’atmosphère raréfiée de l’Introduzione et de l’Aria finale qu’au chaos merveilleusement organisé du Presto minaccioso et lamentoso ou qu’au terrifiant Recitativo.


Le ballet aussi efficace qu’étonnant d’élégance des techniciens de plateau et des preneurs de son de Radio France offre un intermède tenant quasiment de Tati, avant Etymo (1994) de Luca Francesconi, présent pour la circonstance. Au-delà de la recherche d’un sens que suggère le titre, ce sont également ici vingt-quatre minutes de voyage: périple à travers différents états (phonétique, sémantique et poétique) de textes de Baudelaire, depuis la dislocation jusqu’à la lecture intelligible, en passant par le chant, et «parcours entre les techniques de composition» (l’instrumental, le spectral et l’électronique, confiée à l’Ircam), dont l’association, pourtant souvent hasardeuse, paraît en l’espèce particulièrement réussie. De même, la juxtaposition d’influences assez divergentes, au lieu de former un ensemble composite, trouve une unité, à la fois exigeante et séduisante, avec quelque chose de l’humour et de l’optimisme bariolé des années 1970: Berio par la sensualité et les couleurs, ainsi que par le traitement de la voix (amplifiée) de la soprano canadienne Barbara Hannigan, mais aussi Varèse et ses déflagrations et même – horresco referens? – Reich par ses quelques épisodes répétitifs.



Simon Corley

 

 

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