About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

De la tragédie à l’espoir

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
10/12/2006 -  et 13 octobre 2006 (Liège)
Leos Janacek : Tarass Boulba – De la maison des morts (Suite)
Wolfgang Rihm : Gesungene Zeit
Johannes Brahms : Ouverture tragique, opus 81

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre Philharmonique de Liège, Christian Arming (direction)


Bien qu’il dispose depuis septembre dernier d’un nouveau directeur musical en la personne de Pascal Rophé, l’Orchestre Philharmonique de Liège sera dirigé par d’autres chefs lors des concerts qu’il donnera dans les prochains mois au Bozar : Theodor Gushlbauer, Edward Gardner et Louis Langrée (le précédent directeur musical). Pour l’heure, c’est avec l’actuel directeur musical du Nouvel Orchestre Philharmonique du Japon, Christian Arming (né à Vienne en 1972), que cet orchestre s’est produit lors de son dernier concert au Bozar.


La présence de Janacek dans le programme de cette soirée n’étonne pas lorsqu’on apprend que Christian Arming fut nommé, à 24 ans, à la tête de l’Orchestre Philharmonique Janacek d’Ostrava. Dans Tarass Boulba (1915-1918), le chef rend pleinement justice à la rythmique et à la sonorité si particulières de la musique et de l’orchestration de Janacek, avec une direction vigoureuse et claire. Remarquable dans le respect de l'équilibre entre les différents pupitres ainsi que dans la franchise de ses attaques, la phalange liégeoise parcourt cette partition avec énergie. De plus, la performance des solistes ne fut jamais réellement compromise, et ce malgré une prise de risques, par moments, importante.


Il n’est pas si fréquent qu’une composition contemporaine soit reprise lors d’un concert. Et lorsque celle-ci est défendue par un musicien bénéficiant d’une notoriété internationale aussi enviable que celle de Renaud Capuçon, cela mérite d’être applaudi. Dans Gesungene Zeit (1992) de Wolfgang Rihm, le violoniste français nous convainc de l’indéniable intérêt musical de cette partition asphyxiante. Sa présence dans le programme de ce concert est bien une nouvelle preuve, s'il en était besoin, de la place de choix qu’occupe aujourd’hui ce compositeur dans la vie musicale internationale. Composée pour Anne-Sophie Mutter à la demande du chef et mécène suisse Paul Sacher, Gesungene Zeit est une œuvre introvertie qui émerge littéralement du silence pour y replonger à la fin, et qui présente, en son centre, un violent climax. Dans cette page au cours de laquelle la partie de violon solo offre très peu de moments de répit, Renaud Capuçon tire de son Guarneri del Gesù une sonorité sombre grâce à un jeu à la fois concentré, objectif et jamais tendu.


Bien que la thématique de l’Ouverture tragique (1880) de Brahms fût en adéquation avec les autres œuvres de ce concert, sa présence dans cette soirée pouvait étonner. Le programme aurait ainsi pu comporter, tant qu’on y était, une troisième page de Janacek, par exemple L’Enfant du violoneux, tout aussi tragique. Rude, implacable, pour ne pas dire péremptoire, l’interprétation qu’en livre Christian Arming se révèle au final très probe, malgré quelques menus décalages au sein de l’orchestre et des passages assez prosaïques.


A cause de la relative célébrité de la Suite que Vaclav Talich a tirée de La Petite renarde rusée, on aurait un peu tendance à oublier qu’un autre chef d’orchestre tchèque, Frantisek Jilek, a également réalisé une Suite de l’ultime opéra de Janacek, De la maison des morts (1927-1928). Divisée en trois parties, cette Suite reprend l’introduction du premier acte, la pantomime du deuxième acte et le final du troisième acte. Les qualités dont a fait preuve l’orchestre dans Tarass Boulba se retrouvent de nouveau, bien que le registre des émotions soit cette fois-ci élargi : du drame et de la noirceur, les musiciens passent avec habilité à l’humour et au burlesque pour terminer dans une jubilatoire et éclatante apothéose.


Chaleureusement applaudi par un public malheureusement clairsemé, l’Orchestre Philharmonique de Liège achève ainsi dans la lumière de l’espoir ce concert aussi dense que tragique.


Le site de l’Orchestre Philharmonique de Liège



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com