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La part des anges

Paris
Salle Pleyel
10/11/2006 -  
Henri Dutilleux : Métaboles
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 26 «Du couronnement», K. 537
Witold Lutoslawski : Concerto pour orchestre

Bruno Leonardo Gelber (piano)
Orchestre de Paris, Yan Pascal Tortelier (direction)


Une fois de plus, au cours d’un automne riche en hommages dans la programmation de l’Orchestre de Paris, Henri Dutilleux a honoré de sa présence l’exécution de l’une de ses partitions, en l’espèce peut-être la plus justement fameuse, les Métaboles (1964). La venue de Yan Pascal Tortelier, qui est aujourd’hui «principal chef invité» de l’Orchestre symphonique de Pittsburgh, tombait à pic, puisqu’il a notamment gravé pour Chandos une intégrale du compositeur français. Avec sa battue carrée, à mains nues, Tortelier travaille le son d’une façon plus franche et mate que sensuelle ou opulente, livrant une lecture précise, objective, cinglante et tendue de ces cinq pièces.


Dans le Vingt-sixième concerto «Du couronnement» (1788), Bruno Leonardo Gelber cultive un style à l’ancienne: si quelques traits passent ici ou là avec difficulté, sa technique n’en demeure pas moins remarquable notamment par une qualité de toucher qui autorise ce Mozart effleuré du bout des doigts, comme s’il manipulait un objet précieux et fragile. Et sa musicalité hors du commun lui permet également de captiver l’attention dans ces longues phrases à découvert, sans ornementation, du Larghetto central. Pas de ruptures ni de violence dans un discours qui, bien davantage que lisse et propre, se veut apollinien et même éthéré. Vif et léger, l’accompagnement s’harmonise sans peine avec cette approche qui demeurera toujours d’actualité, tant elle répond, malgré les pièces de théâtre, les films et les «progrès» de l’interprétation, à l’attachement que l’on peut encore avoir pour une certaine image du «divin Mozart», miracle d’équilibre et de grâce, réservant une place prépondérante à la part des anges.


Pas besoin d’anniversaire pour célébrer Lutoslawski, qui partageait avec Dutilleux l’histoire d’une même génération, une même exigence créatrice et, surtout, une solide amitié. Au demeurant, les Métaboles, mettant successivement en valeur les différentes familles d’instruments, s’apparentent à un concerto pour orchestre, et c’est précisément le Concerto pour orchestre (1954) que Tortelier avait choisi en seconde partie de cette soirée. Toujours avare de concessions, le chef français en donne une vision puissante et sombre, rutilante et pétaradante, mais à laquelle on pourra reprocher d’être trop univoque, ne laissant pas respirer les rares instants de poésie que ménage l’œuvre (début et fin de l’Intrada, Choral final). L’ensemble n’en demeure pas moins convaincant, particulièrement dans la mise en place phénoménale du Capriccio notturno, interrompu par un terrifiant Arioso central.


A noter, pour les amateurs de sensations fortes, que les gradins situés derrière l’orchestre – disposition suffisamment peu fréquente sous nos latitudes pour qu’il ne soit pas tentant de l’expérimenter à Pleyel – offrent, outre une vue spectaculaire sur l’ensemble du parterre et des deux balcons, une bonne définition globale du son, sans saturation, comme dans le reste de la salle, quoiqu’un peu chargée en cuivres et en percussions.



Simon Corley

 

 

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