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Actualité du mythe Lyon
Opéra national de Lyon
09/16/1999 - et 17, 18, 19 septembre 1999
Roméo et Juliette
Angelin Preljocaj (chorégraphie)
Serge Prokofiev (musique), Goran Vejvoda (séquences sonores)
Maïté Cebrian Abad (Juliette), Miquel De Jong (Roméo), Thierry Véziès (Mercutio), Pierre Advokatoff (Tybalt), Joke Martin, Julie Tardy (Nourrices) Dans l'écrin noir et sang de l'Opéra national de Lyon, résonne à nouveau la partition du Roméo et Juliette de Prokofiev. L'esthétique industrielle du décor créé par Enki Bilal pour Preljocaj prolonge l'aspect métallique de la salle de l'architecte Jean Nouvel. Créé il y a près de dix ans, rien n'a vieilli. Peut être même le thème et le cadre seraient plus d'actualité que jamais si l'on se réfère aux origines de leurs créateurs, Albanais et Yougoslave. Il y a dix ans, Preljocaj décalait l'action, de la Vérone historique à une lutte entre "homeless" et miliciens, pourquoi ne pas y voir aujourd'hui quelque zone frontalière sous tension ?
Pour ne garder que les moments les plus tragiques de la pièce, Preljocaj n'a pas hésité à entamer sérieusement la partition, ramassant, mélangeant les mouvements, ou ménageant silences et séquences musicales de Goran Vejvoda. On connaît depuis la création de 1990 une deuxième version que le chorégraphe a donné à sa propre compagnie. Il faudrait pouvoir en faire abstraction pour juger du spectacle de ce soir, et ne plus s'apercevoir que ses propres danseurs, formés à son contemporain tonique, semblent finalement ressentir d'avantage les mouvements et en tirer une énergie que peu de compagnies peuvent atteindre. Mais à en juger par les réactions enthousiastes du public encore vierge, l'efficacité de la pièce reste entière. Tybalt (Pierre Advokatoff) et Mercutio (Thierry Véziès) sont d'ailleurs ovationnés comme il se doit.
Avec ce Roméo et Juliette, Preljocaj dépasse la simple relecture chorégraphique. Il ne donne pas une nouvelle version du ballet de Prokofiev, mais bien une nouvelle page du mythe lui-même.
Anne Laure Carrega
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