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Casta diva assoluta

Marseille
Opéra
10/05/2006 -  11, 8 et 14 Octobre
Vincenzo Bellini: Norma
June Anderson (Norma), Mzia Nioradze (Adalgisa), Martine Mahé (Clotilde), Zoran Todorovitch (Pollione), Wojtek Smilek (Oroveso), Marc Terrazzoni (Flavio).

Orchestre et chœurs de l’Opéra de Marseille, Emmanuel Villaume (direction musicale).
Francesco Esposito (mise en scène, scénographie, lumières).

Adoré par les uns (Wagner), détesté par les autres (Berlioz), Norma demeure la quintessence du bel canto romantique et l’archétype de l’ « opéra de chanteurs. »
Bellini exigea de son librettiste un texte qui lui permettrait de « représenter les passions de la manière la plus animée possible ». Felice Romani, s’inspirant de la tragédie d’Alexandre Soumet « Norma, ou l’infanticide », offrit donc à Bellini un support textuel d’une qualité exceptionnelle, sans doute le meilleur sur lequel il fut donné au compositeur de travailler. L’histoire, elle, repose sur des situations fortes mais peu vraisemblables. Avec une extraordinaire économie de moyens – l’accompagnement orchestral du rôle de Norma est très « exposé », se réduisant la plupart du temps à trois ou quatre cordes – Bellini fait la démonstration qu’on peut être génial sans nécessairement être « savant ».


Le spectateur d’opéra frémit toujours un peu lorsqu’il voit arriver sur le devant de la scène, juste avant le lever du rideau, un monsieur en costume sombre tenant un micro. Ouf, ce soir, M. Loyal nous informait tout simplement que nous allions assister à une « mise en espace » de Norma. Certes, nous étions rassurés de savoir que la prima donna n’avait pas éternué ce matin en se levant, mais on restait quand même un peu inquiet, tant ce terme de « mise en espace » évoque une production à petit budget.
Bien sûr, s’il l’on attendait pour cette Norma le druide Panoramix, le consul Alavacomgetepus, Bonemine et Falbala, on allait être déçu.
Ce soir, tout le monde est en complet veston et longue robe noire, et le décor tient entièrement dans les éclairages et les ouvertures et fermetures de rideaux noirs à la façon d’un diaphgrame d’appareil photo. C’est simple, mais chic. L’esthétique de Francesco Esposito est stylisée et élégante. Sur le plan dramatique, on reste pourtant un peu sur sa faim. Cet univers aseptisé et décâlé, même s’il est très beau à voir, semble gêner l’engagement dramatique des chanteurs et l’on se dit que le spectacle a parfois du mal à « décoller ».
Pourtant, quelle accumulation de talent dans cette production ! Sur scène, June Anderson dans le rôle titre est impériale. Une technique à toute épreuve, un son qui vous donne le frisson. La voix est au sommet de sa forme ; pas l’ombre de la plus petite ride, et dans la dernière scène, on ne sent pas la moindre fatigue. Une des rares chanteuses du moment à rendre justice à ce rôle écrasant. Marseille vient encore de lui faire un triomphe mérité. C’est Mzia Noradze – que l’on avait remarqué à Marseille dans Le Trouvère en 2003 - qui chante Adalgisa. Gratifiée d’un très beau médium aux riches nuances, la Georgienne souffre un peu dans le régistre aigu et la voix a parfois un peu de mal à se détacher dans les ensembles. Pour les raisons dont on a parlé plus haut, Noradze – de même qu’Anderson, d’ailleurs - reste timorée sur le plan dramatique et l’on aurait souhaité plus d’engagement scénique. Le Pollione de Zoran Todorovitch manque un peu de style, mais la vaillance est là. Wojtek Smilek rend parfaitement justice au rôle d’Oroveso. Belle voix de basse, puissante, aux couleurs sombres. Dommage que le Polonais se débatte avec la langue italienne. Martine Mahé (Clotilde) et Marc Terrazzoni (Flavio) font eux aussi très bonne figure dans la distribution.
Dans la fosse, un autre grand talent. Emmanuel Villaume, c’est un peu le navire amiral de la direction d’orchestre française. Très demandé à l’étranger, ce chef a fait ses preuves sur les plus grandes scènes du monde, dans le répertoire français, mais pas seulement. Il nous offre une lecture scrupuleuse de la partition de Bellini. Avec ses gestes d’une précision chirurgicale, il tire le meilleur de l’orchestre et des chœurs de l’opéra.




Christian Dalzon

 

 

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