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Un brillant début de saison

Bruxelles
La Monnaie
09/05/2006 -  et 7, 8, 9*, 12, 13, 15, 16, 17, 19 & 20 septembre 2006
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Entführung aus dem Serail, K. 384

Marlis Petersen/Laura Aikin/Rachel Harnisch* (Constance), Pavol Breslik/Blagoj Nacoski* (Belmonte), Hendrickje van Kerckhove/Alexandra Lubchansky* (Blonde), Peter Marsh (Pedrillo), Jaco Huijpen/Harry Peeters* (Osmin), Christoph Quest (Pacha Selim)
Orchestre symphonique et Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef des chœurs), Paul Daniel (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Herbert Murauer (décors et costumes), Olaf Winter (éclairages)


Pour le premier spectacle de sa nouvelle saison, le Théâtre de la Monnaie a eu l’heureuse initiative de reprendre une production qui y fut créée en 1999 et qui fut, à l’époque, saluée par la critique (voir ici). A cette occasion, la Monnaie propose au public de nombreuses représentations grâce à une distribution double, voire triple, à l’exception des rôles de Pedrillo et de Pacha Selim.


Dans la mise en scène de l’Allemand Christof Loy, il n’y a pas de considérations intellectuelles fumeuses ou de volonté d’actualiser cet opéra à la lumière des conflits socioculturels et politiques entre l’Occident et l’Orient d’aujourd’hui. Il préfère se concentrer sur les rapports de force entre les jeunes protagonistes occidentaux enlevés et leur ravisseur. Sa brillante direction d’acteurs est instinctive et théâtrale (les dialogues, voire les silences, prennent une part importante dans ce spectacle). Christof Loy esquisse avec une remarquable acuité des personnages complexes et tourmentés, et les fait évoluer, la plupart du temps sur le devant de la scène, avec un subtil mélange de drôlerie, d’émotion, de gravité, de douceur et d’amertume. La scène finale est à ce titre remarquable. Autant le couple Pedrillo/Blonde sort de leur mésaventure le cœur léger, autant le couple Belmonte/Constance semble quitter cette histoire sur une note plus ambiguë. Constance parviendra-t-elle à oublier son rapport passionnel avec le Pacha Selim pour ne plus se donner corps et âme qu’à son fiancé? En retournant dans son pays avec Belmonte, ne risque-t-elle pas de tomber prisonnière à nouveau d’une relation conflictuelle? Le spectacle se termine ainsi sur un point d’interrogation qui laisse cours à l’imagination du spectateur. Incontestablement, Christof Loy a compris L’Enlèvement au sérail.


Dans un décor visuellement réussi (efficace exploitation d’un décor unique) et situant l’action au début du siècle passé, évolue une troupe de chanteurs jeunes (du moins, les deux couples) qui font, à l’occasion de cette reprise, leurs débuts à la Monnaie. La soprano suisse Rachel Harnisch campe une Constance charmante et fragile. Dans ce rôle complexe et virtuose, elle s’en tire avec beaucoup d’honneurs même si l’on peut rêver d’une Constance vocalement plus somptueuse et impressionnante d’abattage. Le Belmonte du Macédonien Blagoj Nacoski, dont le timbre est idéal pour ce rôle, est très convaincant. On le voit un peu perdu sur cette terre turque mais il est heureusement aidé par le formidable Pedrillo du ténor américain Peter Marsh, qui incarne avec perfection un personnage drôle et burlesque, sans que ne soit pour autant compromise la performance vocale. Sa Blonde, c’est Alexandra Lubchansky, soprano russe adorable dans le rôle de l’Anglaise émancipée et un brin féministe. Harry Peeters joue un Osmin parfait : une brute épaisse et minable, à la projection vocale impressionnante. La présence d’un rôle principal entièrement parlé est une particularité de cet opéra de Mozart. Christoph Quest y avait fait forte impression il y a sept ans. Il réitère la performance de manière toujours aussi terrible mais il faut non seulement l’entendre crier de colère sur Constance, mais également le voir, magnanime, et ému, à la fin de l’opéra, lorsqu’il rend la liberté aux deux couples. Enfin, mentionnons également, même si sa présence est limitée, la prestation des Chœurs de la Monnaie.


Les chanteurs peuvent compter sur la baguette sûre et enthousiaste de Paul Daniel qui, à la tête de l’Orchestre symphonique de la Monnaie, souligne toute la dynamique et les contrastes de cette éclatante partition mozartienne, tout en n’oubliant pas de faire preuve, quand il le faut, de subtilité, de souplesse, de nervosité et d’expressivité.


On l’aura compris, cet Enlèvement au sérail est, tant visuellement que musicalement, une réussite.


Le site de La Monnaie



Sébastien Foucart

 

 

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