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Voyage mozartien

Paris
Cité de la musique
09/14/2006 -  et 16*, 17 septembre (Paris), 6 octobre (Vichy), 9, 10 (Grenoble), 15, 16 (Caen) novembre 2006
Wolfgang Amadeus Mozart : Extraits de Lo Sposo deluso, Mitridate, Zaïde, Il Rè pastore, L’Oca del Cairo, La Finta gardiniera, Die Gärtnerin aus Liebe, Lucio Silla, La Finta semplice, La Betulia liberata et de Musique pour une pantomime (complétée et orchestrée par Franz Beyer), K. 416d

Ditte Andersen (Sandrina), Kamila Benhamza (Zaïde), Hilde Haraldsen Sveen (Aspasia, La Comtesse Arminda), Robert Getchell (Gomatz, Le Podestat), Tuomas Katajala (Le Comte), Angélique Noldus (Ramira), Konstantin Wolff (Osmin), Robert Horn (Le Majordome)
Batzdorfer Hofkapelle, Laurence Equilbey (conception musicale et direction)
Macha Makeïeff (conception, mise en scène, décors et costumes), Jérôme Deschamps (mise en scène), Dominique Bruguière (lumières)


En ouverture d’une saison consacrée au voyage, organisée comme de coutume par cycles thématiques («Londres», «New York», «Venise», «Istanbul», «Rome 1700», «Faubourgs d’Afrique du Sud», «Weimar», «Lisbonne», mais aussi «La narration du voyage», «Itinéraires de Bach à Haendel», «Migrations de la valse», «Voyages en mer», «Pèlerinages médiévaux», «L’Europe baroque», «Cités imaginaires», «Chemins intérieurs», «Carnets de bord»…), la Cité de la musique apporte sa contribution aux inévitables célébrations mozartiennes. Il y aurait certes eu beaucoup à dire sur les déplacements du prodige salzbourgeois à travers l’Europe, mais c’est à un périple au sein même de son œuvre que le public était convié pour l’occasion.


Alors que l’année Mozart tire à sa fin, comment éveiller encore l’intérêt du spectateur? Laurence Equilbey et Macha Makeïeff ont donc pris le parti de concevoir un spectacle original, intitulé Mozart short cuts, créé en mai dernier à Luxembourg puis présenté à Nîmes et donné à trois reprises dans la capitale, avant de poursuivre sa tournée en France.


Prima la musica: la chef d’Accentus a d’abord fabriqué un pastiche au sens propre du terme, c’est-à-dire un assemblage d’extraits empruntés à différentes partitions, opéras ou fragments d’opéras italiens ou allemands (surtitrés) généralement négligés, ainsi que de très brefs intermèdes issus d’une Musique pour une pantomime incomplète. Bien loin d’être aléatoire ou arbitraire, ce travail est notamment structuré en fonction des climats et des tonalités des pièces sélectionnées.


E poi le parole? Partant de cette succession de vingt airs et ensembles – précédés d’une ouverture en bonne et due forme, en l’espèce celle de Lo Sposo deluso, quasi chorégraphiée – d’une durée totale d’une heure et demie, Macha Makeïeff a construit un dramma giocoso avec enlèvement, meurtre et happy end: une histoire en parfait contrepoint de ces textes, évoquant en termes suffisamment vagues des stéréotypes de l’opéra classique (amour, imbroglios, jalousie, lamentation, fureur, …) pour pouvoir être exploités en dehors de leurs livrets d’origine. Mais comme toujours chez elle et Jérôme Deschamps, la parole est réduite à la portion congrue: pas de récitatifs ni de dialogues, tout juste quelques mots ou onomatopées ici ou là, confiés à l’un des piliers actuels de leur troupe, chanteur de formation, au demeurant, Robert Horn, majordome factotum jouant des maracas, fredonnant la Marche de Radetzky ou endossant un ample manteau de diva.


Si le titre évoque nécessairement le film de Robert Altman, de fait, l’intrigue croise également les destins de dix personnages (répartis entre sept chanteurs et un acteur) dans le modernisme à la fois froid et coloré du hall d’un «hôtel luxueux dans les années soixante […] entre Sagan et Moravia», décors et costumes de Makeïeff baignés par les lumières un peu trop uniment tamisées de Dominique Bruguière. Toutefois, il faut malheureusement se reporter à l’argument reproduit dans le programme, car la caractérisation des situations paraît parfois excessivement allusive, tandis que les protagonistes sont trop souvent réduits à des silhouettes ou à des archétypes.


Le recours aux réjouissants procédés qui ont fait le succès des «Deschiens» – incongruités (apparitions furtives d’un chien), poésie conférée aux objets triviaux de la vie quotidienne (petite scène de danse avec les plumeaux) – demeurant relativement discret, Deschamps et Makeïeff, qui ont déjà abordé aux rivages classiques avec Offenbach (Les Brigands) et même Mozart, en mettant en scène L’Enlèvement au sérail voici trois ans (voir ici), s’en tiennent ici à spectacle de facture très classique, à une sobriété de ton et à une sage direction d’acteurs que leurs plus fidèles supporters regretteront peut-être.


En majorité scandinave, la distribution vocale, sans susciter l’enthousiasme ni la désapprobation, est remarquable d’homogénéité, et ce à un bon niveau global. Parmi ces jeunes chanteurs, on pourra cependant distinguer l’abattage et la présence scénique de la Danoise Ditte Andersen et de l’Allemand Konstantin Wolff, ce dernier notamment mis en valeur par de petits bijoux de style bouffe extraits de L’Oca del Cairo ou de Zaïde. Quant à l’Américain Robert Getchell, alternant les rôles de Gomatz et du Podestat, il passe aisément du registre lyrique à un ton plus léger. Entre vigueur et brutalité, Laurence Equilbey conduit la Batzdorfer Kapelle: de dimensions réduites (dix-neuf cordes), l’ensemble saxon joue, avec les imprécisions et la rugosité d’usage, sur instruments anciens.


Le site de la Batzdorfer Hofkapelle



Simon Corley

 

 

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