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Haïm et Goliath

Beaune
Hospices
07/14/2000 -  
Georg Friedrich Haendel : Aci, Galatea e Polifemo

Juanita Lascarro (Aci), Delphine Haidan (Galatea), Jérôme Correas (Polifemo)
Les Folies Françoises, Emmanuelle Haïm (direction)

Plus grave, plus sensuelle et d’une expression plus violente que le masque anglais Acis and Galatea qu’elle précède de dix ans (et avec lequel elle n’entretient quasiment aucune parenté musicale), cette « sérénade à trois » composée pour Naples démontre à nouveau la richesse de la période italienne du jeune Haendel. Dirigeant une dizaine de musiciens depuis l’orgue et le clavecin, Emmanuelle Haïm, qui a offert à Christie et Rousset de si admirables continuos, semble encore pouvoir gagner en mordant dans les tutti et en expressivité dans les contrastes rythmiques - l’acoustique très réverbérée de la « Salle des Pôvres » où le froid et la pluie avaient contraint artistes et public à se replier, ne l’aide pas, il est vrai – mais révèle d’emblée une clarté de la facture, une sensibilité dans les nuances et le dialogue entre les instrumentistes avec lesquelles on sera ravi de compter désormais. Ayant opté pour une orchestration à un musicien par pupitre, au risque de rendre parfois grinçants les échanges entre les deux violons, elle souligne ainsi l’extrême subtilité d’écriture de chaque partie et la pertinence dramatique de leur appariement – dont l’opposition entre le second air d’Acis, accompagné du clavecin seul, et ceux à l’habillage foisonnant dévolus à Polyphème constitue l’exemple le plus frappant ; le procédé sera d’ailleurs repris dans Rinaldo. Dans ce combat de David contre Goliath, Haendel a su, comme toujours, tracer du méchant un portrait complexe. Il manque hélas à Jérôme Correas les moyens physiques du rôle (certes démesurés : pas moins de trois octaves) ; l’aigu est décoloré, le grave disparaît dans sa sublime sarabande, et la bonne volonté du musicien ne saurait suffire. Manquant de sûreté dans les vocalises, Delphine Haidan s’impose par l’opulence d’un timbre nostalgique et la sincérité de l’expression. Mais c’est Juanita Lascarro qui laisse en Acis le souvenir le plus marquant, timbre intense et corsé soutenant un phrasé aussi délié que percutant.



Vincent Agrech

 

 

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