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Une leçon de musique!

Paris
Eglise St-Germain-des-Prés
08/15/2006 -  et le 17 août 2006.
Antonio Vivaldi : In Furore
Giovanni Battista Pergolesi : Stabat Mater
Airs de Haendel, concertos de Vivaldi, Corelli…

Isabelle Poulenard (soprano) - James Bowman (contre-ténor)
Le Capriccio Français
Philippe Le Fèvre (direction)

Chaque été, le festival Musique en l’Ile offre une programmation pour le moins éclectique puisque des concerts de choeurs de femmes d’Ukraine côtoient le Requiem de Mozart ou bien des chants corses. Le temps de deux soirées, la musique baroque italienne est défendue par James Bowman et Isabelle Poulenard dans un programme réunissant Vivaldi, Corelli, Pergolèse mais aussi Haendel.



Le concert s’ouvre justement avec Haendel et l’ouverture de son Hercule. Philippe Le Fèvre a une direction très classique, très précise et apporte une rigueur à la musique de Haendel: il adopte un tempo ferme qui ne laisse pas toujours la musique s’échapper et on a l’impression d’entendre une esthétique assez ancienne. James Bowman entre ensuite sur scène pour interpréter souverainement deux airs, le premier tiré de Tamerlano et le second de Judas Macchabée. Que dire d’un tel musicien? Certes la voix, surtout dans les graves, est parfois couverte par l’orchestre mais quelle musicalité, quelle volonté de vouloir servir la musique, les notes et la beauté tout simplement: chaque intonation est là pour embellir la partition. Les vocalises sont très bien menées, sur le velours de la voix et le chanteur laisse mourir avec habileté et grâce les notes à la fin des phrases: les aigus sont lumineux surtout quand ils sont tenus. Le second air est totalement différent puisqu’il est beaucoup plus lent, moins brillant: la première note est absolument remarquable tant elle est claire et elle est exécutée sur un crescendo et un decrescendo. Le contre-ténor joue avec l’acoustique de la salle puisqu’il laisse les notes se développer une fois émises et elles continuent ainsi à résonner dans l’église.
Les airs de Haendel sont séparés par le concerto grosso n°7 de Corelli bien interprété par des cordes gracieuses, notamment le violoncelle qui apporte une touche douloureuse et solennelle à l’ensemble.
Isabelle Poulenard interprète magistralement le motet “in furore” de Vivaldi. La voix est magnifique, claire, ronde dans le medium et elle possède une très bonne agilité, ce qui lui est très utile dans les vocalises interminables du prêtre roux. La chanteuse se montre sensible dans les récitatifs, les rendant très explicites notamment quand il est question de pleurs, de douleur… Dans le deuxième mouvement, elle joue beaucoup sur les nuances, alternant voix pleine et mezza-voce spécialement pour les reprises. Enfin elle laisse éclater ses facilités vocales dans un “alleluia” chanté sur un tempo très vif.
La seconde partie du concert est uniquement consacrée au Stabat Mater de Pergolèse. Les deux voix des chanteurs fonctionnent très bien ensemble et on sent une véritable complicité entre les deux artistes notamment dans les attaques douces du “O quam tristis”. Le tout début de l’oeuvre est un enchantement parce les deux voix se mêlent pour n’en former plus qu’une, aiguë et charnue. Le cinquième morceau “Quis est homo” est très beau car les notes sont tenues et le vibrato n’est perceptible que vers la fin de la respiration. L’avant-dernier passage retient aussi l’attention “Inflammatus” parce que les chanteurs susurrent les notes sur un fil de voix et l’ensemble est très émouvant.
La direction de Philippe Le Fèvre est assez sèche sauf quand il accompagne les chanteurs: il trouve une assez belle dynamique dans le premier air de Haendel alors que dans le second, James Bowman tente, visiblement, de le ralentir un peu. Il bénéficie pourtant du concours d’instrumentistes assez inspirés comme les violonistes Katia Krassoutskaïa et Françoise Couvert qui possèdent un beau phrasé et une énergie musicale dans le concerto pour deux violons de Vivaldi.



Ce festival donne l’occasion au public parisien d’entendre l’un des plus grands contre-ténor. Il est à souhaiter que cette collaboration dure encore longtemps car James Bowman apporte beaucoup à la musique et il est assez regrettable que les grandes scènes parisiennes ne l’invitent pas plus. Il prouve une fois de plus qu’il est un grand haendelien!





A noter: James Bowman a sorti un disque l’hiver dernier, A song for Ariel, une sorte de voyage de Dowland à Tippett, en passant par Purcell et Haendel (lire la critique sur ce site).


Manon Ardouin

 

 

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