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Quand Mozart avait douze ans Salzburg Residenzhof 08/01/2006 - et les 5, 9 et 13 août 2006 Wolfgang Amadeus Mozart : La Finta semplice Malin Hartelius (Rosina), Josef Wagner (Don Cassandro), Matthias Klink (Don Polidoro), Marina Comparato (Giacinta), Silvia Moi (Ninetta), Jeremy Ovenden (Fracasso), Miljenko Turk (Simone), Marianne Hamre (Auctoritas). Camerata de Salzbourg, dir. Michael Hofstetter. Mise en scène : Joachim Schlömer. “Mozart 22“, autrement dit les vingt-deux opéras du génie salzbourgeois, jusqu’aux inachevés : voici ce qu’a voulu, pour fêter dignement l’année Mozart et terminer son mandat avec éclat, Peter Ruzicka. Mais qui trop embrasse mal étreint et l’exhaustivité a ses limites. Multiplier les productions au détriment de la qualité – ou plutôt de l’excellence, s’agissant d’un festival qui reste sans doute le plus prestigieux et le plus cher du monde – n’était pas le meilleur choix.
Que faire, par exemple, de cette Finta semplice composée par un Mozart de douze ans, où il faut quand même chercher longtemps pour trouver quelque chose annonçant le futur génie ? Joachim Schlömer – on se rappelle son Or du Rhin de 1999 à Stuttgart, disponible en DVD, a pourtant trouvé une idée astucieuse. Une productrice de télévision – excellente Marianne Hamre - en survêtement jaune organise et commente le double mariage des maîtres et des valets en direct, comme dans un reality show. D’où les gestes empruntés des personnages au début, qui prennent peu à peu de l’épaisseur en entrant dans leur histoire, tandis que le blanc fait progressivement place au rouge. C’est amusant, très animé, faussement naïf et l’ennui que pourrait inspirer la musique ne gagne jamais le spectateur. Et l’on sait gré au metteur en scène de n’avoir pas transformé cet opera buffa sans prétention en tragédie comme c’est la mode aujourd’hui – ce qu’ont fait Nikolaus Harnoncourt et Claus Guth dans Les Noces de Figaro.
On peut se demander ce qu’un Minkowski, un Rousset, un Christie ou un Jacobs, pour ne citer que ceux-là, auraient fait à la place de Michael Hofstetter. Ce dernier, en tout cas, n’a pas menagé ses efforts pour donner vie à la chose à la tête d’une Camerata de Salzbourg sans grand attrait, au prix parfois de menus décalages. Les chanteurs chantent leur rôle – confortable - avec conscience et entrain ; on remarque notamment le Don Cassandro de Josef Wagner et le Polidoro de Matthias Klink, Belmonte à Aix en 2004. Seule Rosina, la fausse ingénue, est un peu mise à l’épreuve : la charmante Malin Hartelius, avec sa petite voix joliment conduite, s’en tire avec tous les honneurs.
Cela dit, encore une fois, le jeu en valait-il vraiment la chandelle ? Le Festival n’a d’ailleurs affiché l’œuvre qu’une seule fois, en 1960 – avec Ingeborg Hallstein, Edith Mathis et Erwin Wohlfahrt... excusez du peu.
Didier van Moere
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