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Sage jeunesse Chaise-Dieu Abbatiale 08/19/2006 - 20 août 2006 (Bergerac) Franz Thürauer : Tableau (création française)
Carl Maria von Weber : Concerto pour clarinette n° 1, opus 73, J. 114
Franz Schubert : Symphonie n° 9, D. 944
Paul Meyer (clarinette)
Wiener Jeunesse Orchester, Herbert Böck (direction)
A l’image des nombreuses formations comparables qui se sont constituées tant à l’échelon national qu’international, le Wiener Jeunesse Orchester (WJO) rassemble des étudiants âgés de dix-huit à vingt-six ans originaires de tout le pays, et non pas, malgré son appellation, de la seule capitale autrichienne. Pour sa première apparition au Festival de La Chaise-Dieu sous le titre «Un après-midi à Vienne», il proposait un programme obéissant à la traditionnelle séquence ouverture/concerto/symphonie.
Donné ici en création française, Tableau (1997) de Franz Thürauer (né en 1953) s’apparente en effet, ne serait-ce que par sa brièveté (quatre minutes), à une intrada, un rien solennelle avec ses cuivres debout sur une estrade surplombant les autres musiciens, mais dont le langage pèche par un manque d’audace tel que la pièce aurait fort bien pu avoir été écrite un siècle plus tôt.
Dans le Premier concerto pour clarinette (1811) de Weber, Paul Meyer se livre à une éclatante démonstration de musicalité, fondée sur une très vaste palette de nuances – du pianissimo le plus éthéré au fortissimo couvrant sans peine l’orchestre – et d’expressions, exacerbant le romantisme du propos, aussi bien dans l’inquiétude de l’Allegro initial que dans le merveilleux lied de l’Adagio ma non troppo. Mais le brillant n’est nullement en reste, notamment avec l’espièglerie du Rondo final.
Dans la Neuvième symphonie (1825) de Schubert, Herbert Böck, directeur musical du WJO depuis 1987, ne cède ni à une imitation du travail des «baroqueux» ni à la tentation visionnaire: pas de propos postmozartien, ni de longueurs prébrucknériennes, ni d’abîmes prémahlériens, mais une lecture sage et solide, aux tempi justes, correctement mise en place, observant toutes les reprises (à l’exception, curieusement, de celle de l’Allegro vivace conclusif) et mettant en valeur la concentration et le sérieux, à défaut peut-être de l’enthousiasme, dont sont généralement capables ces formations de jeunes. Dépourvue de tension et manquant de véritable fil conducteur, cette approche n’échappe pas toutefois à un certain prosaïsme et pâtit, dans les tutti, d’un déséquilibre entre les pupitres, les cuivres ayant tendance à s’imposer excessivement sur les autres sections.
En bis, avec Roses du Sud (1880) de Johann Strauss fils, l’orchestre semble s’épanouir plus librement dans ce clin d’œil appuyé à sa dénomination viennoise, même si c’est au prix d’une interprétation quelque peu carrée et massive.
Le site du Wiener Jeunesse Orchester
Simon Corley
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