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Mozart et Chopin sous l’œil de Bach

Paris
Orangerie de Bagatelle
07/07/2006 -  
Johann Sebastian Bach : Le Clavier bien tempéré, livre II: Préludes et fugues n° 14, BWV 883, n° 15, BWV 884, n° 16, BWV 885, n° 18, BWV 887 et n° 20, BWV 889
Wolfgang Amadeus Mozart : Adagio en si mineur, K. 540 – Sonate pour piano n° 16, K. 570
Frédéric Chopin : Prélude, opus 45 – Mazurkas, opus 59 – Scherzo n° 3, opus 39

Andrei Vieru (piano)


Comme Vladimir Mischouk quelques jours plus tôt (voir ici), Andrei Vieru a décidé de joindre à la thématique mozartienne de cette édition du Festival Chopin son cher Bach, qui l’a fait connaître voici plus de quinze ans au public français. Mais il conçoit cette confrontation de façon autrement plus originale, et ce à tous les sens du terme: non seulement le pianiste roumain s’en tient au texte de Bach, plutôt que d’opter pour un de ces arrangements dont les virtuoses sont si souvent friands – en sélectionnant cinq Préludes et fugues du Second livre (1744) du Clavier bien tempéré, qu’il vient d’enregistrer chez Alpha – mais il en livre, en début de chacune des deux parties de son récital, une interprétation sui generis. Car son approche, sobre, presque immatérielle, mais d’une subjectivité aussi réelle que discrète, laissant la place à de rares aspérités, privilégie des sonorités fondues plus qu’une lisibilité analytique des différentes voix.


Dans Mozart, les errances de l’Adagio en si mineur (1788) conservent l’esprit d’un classicisme sévère, loin encore de celles d’un Wanderer schubertien. Quant à la Seizième sonate (1789), certes sans doute pas la meilleure du corpus, elle n’est pas nécessairement mise en valeur par une lecture sans grand relief, plus distanciée et réfléchie qu’expansive, épure certes sans concessions à la fadeur ou à la mièvrerie, mais ne concédant que la portion congrue au divertissement, à la grâce et à l’humour.


Vieru livre un Chopin à peine plus décoratif, mais qui gagne en engagement et en souplesse dès le «vingt-cinquième» Prélude (1841). Dans les trois Mazurkas de l’opus 59 (1845), onctueusement nimbées de pédale, il conjugue distinction et virilité. Mais la soirée culmine avec un superbe Troisième scherzo (1839) aussi narratif qu’une Ballade, quasi brahmsien par son ton affirmatif et ses teintes chaudes.


C’est toujours partition sous les yeux qu’il concède un bis aux spectateurs qui avaient bravé l’orage pour assister à ce concert: le Premier des six Moments musicaux (1828) de Schubert, qu’on a rarement entendu aussi fantasque, avec la fausse simplicité et la vraie profondeur d’une Bagatelle beethovénienne.



Simon Corley

 

 

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