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Béjart puissance trois

Paris
Opéra Bastille
06/19/2006 -  et 22, 25, 26*, 29 juin, 6, 8, 11, 13 et14 juillet 2006
Béla Bartok : Le Mandarin merveilleux, op. 19, sz. 73
Pierre Henry : Variations pour une porte et un soupir
Maurice Ravel : Boléro

Ballet de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Vello Pähn (direction)
Maurice Béjart (chorégraphie), Stefano Pace (décor), Olivier Bériot (costumes), Clément Cayrol (lumières)


Les trois ballets de Maurice Béjart regroupés pour ce spectacle comprennent deux reprises – Le Mandarin merveilleux (1992) et Boléro (1961) – et une entrée au répertoire, celle de Variations pour une porte et un soupir (1963), couvrant plus de trente ans d’une production que l’Opéra de Paris, au fil de neuf créations et quatorze entrées du répertoire, n’a cessé d’accompagner.


Dans le Le Mandarin merveilleux, le travail du chorégraphe répond admirablement à celui du compositeur, tant dans la conception générale que dans l’articulation étroite entre le geste et la partition. Depuis Le Sacre du printemps ou Boléro (on y danse aussi sur une table), Béjart n’a décidément pas son pareil pour transfigurer les pulsions portées par la musique, comme dans cette parfaite osmose entre l’incantation répétée de la clarinette et les jeux de séduction. L’action est située à l’époque de la musique (1926), faisant naître des correspondances avec Fritz Lang, M le maudit, bien sûr, mais aussi, de façon plus surprenante, Les Nibelungen. Le décor de Stefano Pace et les costumes d’Olivier Bériot – bas fonds et mauvais garçons – contribuent pleinement à cette mise en perspective, servie par le mandarin lunaire et mécanique de Kader Belarbi, adepte du taï chi en complet mao, et le travesti dangereusement équivoque d’Alessio Carbone. Si occasion permet d’entendre pour une fois, au lieu de la Suite qui en est tirée, le ballet intégral de Bartok, il est dommage qu’elle soit gâchée par le remplacement du chœur par une bande préenregistrée et, surtout, par la direction brouillonne et confuse de Vello Pähn.


Variations pour une porte et un soupir, «ballet où le chorégraphe n’a pas sa place», fleure bon ces années 1960 où l’aléatoire et le happening étaient rois: sept danseurs (cinq hommes et deux femmes) habillés en noir et blanc tirent au sort, au début de chaque représentation, un numéro (de un à sept). Ils disposent chacun d’une chaise correspondant à ce numéro et se conforment au schéma général, affiché sur deux grands tableaux noirs dominant le centre du plateau, qui leur indique auxquelles des seize pièces ils doivent participer. Le reste est en principe laissé à la libre improvisation, ce dont le résultat autorise à douter, tant les mouvements s’enchaînent harmonieusement. Entre cris, chants et équilibres périlleux, l’humour dada est largement cultivé, mais avec un grand raffinement, à l’image des belles ondulations collectives de Respirations ou de Wilfried Romoli qui, inquiétant chef des truands dans Le Mandarin, devient ici le «numéro 1», parvenant à donner l’impression, dans Balancement, que ce sont ses os qui grincent et non la porte revue et corrigée par Pierre Henry. Comportant à l’origine vingt-six sections, sa musique (1963), en dépit (ou en raison) de son économie de moyens, n’a pas pris une ride, comme Fièvre, dont l’énergie rythmique n’a pas grand-chose à envier… à Bartok ou à Ravel.


Avec le temps, Boléro a également apporté sa part de choix aux interprètes, puisqu’à la première version associant une femme et un groupe d’hommes sont venues s’ajouter deux autres combinaisons (homme/femmes et homme/hommes). L’Opéra de Paris a ainsi choisi de faire alterner, face aux danseurs, Nicolas Le Riche et Marie-Agnès Gillot: impérieuse et impériale, plus en sérénité et en extase qu’en sensualité, elle investit avec autorité cette chorégraphie mythique, dans laquelle l’éclairage progressif de Clément Cayrol, soulignant la progression créée par la musique (1928) de Ravel, joue un rôle à part entière.



Simon Corley

 

 

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