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Chopin reçoit Mozart

Paris
Orangerie de Bagatelle
06/17/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Adagio, K. 540 – Andante, K. 616 – Allegro, K. 372a [400] – Sonate pour piano n° 8, K. 300d [310]
Frédéric Chopin : Rondeau n° 1, opus 1 – Polonaise-Fantaisie, opus 61 – Variations sur «Là ci darem la mano», opus 2

Nikolaï Demidenko (piano)


Fidèle au rendez-vous estival de Bagatelle, la Société Chopin, sous la présidence toujours dynamique d’Antoine Paszkiewicz, organise du 17 juin au 14 juillet la vingt-troisième édition de son festival: si huit jeunes pianistes (Mu-Ye Wu, Sarah Lavaud, Emmanuelle Swiercz, …) dédient au compositeur polonais une après-midi gratuite «Piano à portes ouvertes», douze «concerts du soir» et six «récitals d’après-midi» permettront par ailleurs d’associer Chopin et Mozart, thème tout trouvé pour cette édition 2006, tant le premier n’a jamais caché son admiration pour le second, dont seront jouées non seulement l’intégrale des sonates pour piano mais aussi la plupart des pièces isolées, souvent au moins aussi intéressantes que les sonates.


Cela étant, la fine fleur du piano français (Chamayou, Clidat, Devoyon, Giusiano, Neuburger, Pennetier, Pludermacher, Queffélec, Wagschal, …) et les grands artistes étrangers (Bellucci, Colom, Ghindin, Rachkovski, Vieru, …) se confronteront bien évidemment à d’autres compositeurs, de Couperin à Ginastera en passant par Bach, Beethoven, Schubert, Schumann, Liszt, Debussy, Satie, Schmitt, Scriabine, Rachmaninov, Ravel, Bartok et Mompou.


Béni par des conditions météorologiques idéales et donné dans une orangerie où pas une place n’est restée libre, le récital inaugural aura contribué à réparer une injustice, car même si Nikolaï Demidenko est un invité régulier du Festival Chopin et bien qu’il ait désormais atteint la cinquantaine, ce pianiste d’origine russe, qui vit à Londres et a acquis la nationalité britannique, demeure peu connu dans notre pays, une situation que l’éclatante démonstration de talent qu’il a prodiguée à cette occasion rend véritablement inexplicable.


D’emblée, dans trois pièces isolées de caractère fort différent, il impose un Mozart élégant et viril, dense et sans fioritures, allant droit à l’essentiel, clair et articulé, servi par un toucher subtil et varié, et l’on se prend à songer que c’est ainsi que Chopin devait l’interpréter: Adagio en si mineur (1788) éloquent et préromantique; Andante en fa majeur (1791) très allant, écrit à l’origine pour «petit orgue» mais qui, avec le jeu sur la pédale, prend, comme dans un rêve, une délicieuse sonorité de boîte à musique; Allegro en si bémol majeur (1781) sans doute plus attendu, encore que les ruptures en soient soulignées, mais restitué avec une verve et une gourmandise réjouissantes. Toutes ces qualités se retrouvent dans une Huitième sonate (1778) de format beethovénien, qui s’achève sur un Presto très vif, haletant et heurté.


Cette sonate fut composée dans des conditions tragiques à Paris, où Chopin devait s’établir cinquante ans plus tard, mais le Premier rondeau (1825) date encore de la période polonaise: fantasque, tour à tour mordant et tendre, Demidenko rend parfaitement justice aux épisodes contrastés de cette pièce de jeunesse. Il offre ensuite une somptueuse réalisation de la Polonaise-fantaisie (1846), qu’il conçoit comme un itinéraire spirituel d’une haute exigence, en même temps déjà très lisztien par la richesse de ses couleurs et son sens dramatique. Rencontre explicite entre Mozart et Chopin, les Variations sur «Là ci darem la mano» (1827) fournissent une conclusion on ne peut plus logique à ce programme: d’une virtuosité presque infaillible, le pianiste aborde au premier degré, avec un plaisir manifeste, ce grand morceau de bravoure, brillant voire tapageur.


Nikolaï Demidenko prolonge le bonheur des spectateurs avec pas moins de quatre bis, tous puisés dans le répertoire du XVIIIe siècle: un arrangement de la Danse des esprits bienheureux extraite d’Orphée et Eurydice de Gluck, énoncé avec poésie et simplicité, puis deux éblouissantes Sonates de Scarlatti (K. 435 et K. 319), et enfin l’Andante du Concerto italien de Bach, exceptionnellement recueilli, bien plus adagio qu’andante.


Le site du Festival Chopin


Le site (en construction) de Nikolaï Demidenko



Simon Corley

 

 

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