Back
L’été à Soubise Paris Hôtel de Soubise 06/10/2006 - Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 2, opus 100
Maurice Ravel : Sonate pour violon et piano n° 2
Eugène Ysaÿe : Sonate pour violon n° 3, opus 27 n° 3
Edvard Grieg : Sonate pour violon et piano n° 3, opus 45
Elsa Grether (violon), Romain Descharmes (piano)
En cette chaude journée de juin, la cour de l’Hôtel de Soubise (Archives nationales) incite à s’attabler à l’ombre sous la colonnade et l’on pourrait donc déjà songer au sixième Festival «Jeunes talents» qui s’y tiendra en grande partie du 8 au 28 juillet prochain. Mais ce n’est pas encore l’été et le cours normal des séances du samedi après-midi n’a donc pas encore perdu ses droits, avec un cycle «L’Ecole buissonnière», qui, pour le deuxième de ses cinq récitals, présentait Elsa Grether et Romain Descharmes. Tous deux nés en 1980, la violoniste est issue du CNR de Paris et a complété sa formation avec Ruggiero Ricci et Mauricio Fuks, tandis que le pianiste vient du CNSMDP et possède déjà à son actif un deuxième prix au Concours Alessandro Casagrande de Terni (2004) ainsi qu’un premier prix au Concours de Dublin, obtenu ce printemps, dix-huit ans après Philippe Cassard.
D’emblée, dans la Deuxième sonate (1886) de Brahms, c’est un violon à la fois sensible et appliqué, réfléchi et engagé qui s’impose, malgré quelques accrocs de justesse et, surtout, une sonorité frêle et acide, tenant sans doute en grande partie à l’instrument, qui contraste avec un piano d’une grande autorité, presque trop somptueux. Avec la (Seconde) sonate (1927) de Ravel, le piano se fait plus dur et plus analytique et l’œuvre, d’ordinaire plus fragile ou en demi-teintes, ne manque pas ici de couleur et de violence, à l’image du Blues, bissé en fin de concert.
Créateur de la Sonate de Ravel, Enesco fut également le dédicataire de la Troisième sonate «Ballade» (1923) d’Ysaÿe, où Elsa Grether confirme sa capacité à construire et à conduire un discours tout à fait cohérent. Pour la Troisième sonate (1887) de Grieg, Romain Descharmes prend une louable initiative dont les organisateurs devraient s’inspirer pour l’avenir, en rabattant lui-même le couvercle de son piano et en permettant ainsi à la violoniste de s’épanouir davantage dans cette partition qui sied à merveille à son tempérament généreux.
Simon Corley
|