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Soirée d’exception Paris Opéra Comique 06/07/2006 - et 9, 11, 13, 15, 17 juin 2006 Gioacchino Rossini : Le Barbier de Séville Jean-François Lapointe (Figaro), Delphine Haidan (Rosina), Michel Trempont (Bartolo), Florian Laconi (Almaviva), Cécile Galois (Berta), Armando Noguera (Fiorello)
Ensemble Orchestral de Paris, John Nelson (direction)
Jérôme Savary (mise en scène)
Jérôme Savary a du métier, c’est sûr, spécialement dans Le Barbier de Séville qu’il a monté, dit-il, une vingtaine de fois ! Le résultat est totalement convaincant : il n’a pas besoin, comme nombre de metteurs en scène en manque d’inspiration, de transposer l’action dans une improbable époque actuelle, il respecte le livret et son époque (quel sens de la provocation !), et révèle comme rarement toute la richesse du texte, littéraire et musical. Dans une maison qui s’ouvre et se ferme à vue suivant que l’action se passe à l’intérieur ou à l’extérieur de celle-ci (décors de Serge Marzolff), Savary fait évoluer avec truculence et justesse des personnages élégamment habillés (costumes de Jacques Schmidt et Emmanuel Peduzzi). On savoure chaque moment de cette comédie pétillante comme du champagne.
Et chacun se prête au jeu, à commencer, à tout seigneur tout honneur, par l’un des doyens de la scène lyrique, Michel Trempont, inénarrable en Bartolo. La distribution très séduisante réunit une belle Rosina (Delphine Haidan) d’une irréprochable technique mais d’une projection un peu juste cependant, un excellent Almaviva (Florian Laconi), doté d’un très beau timbre et d’une belle tenue, un formidable Basilio (Vincent Le Texier), vocalement souverain. Parcourant l’Amérique du Nord, l’Europe, mais encore peu connu à Paris, le Québécois Jean-François Lapointe fait preuve de remarquables moyens vocaux dans le rôle de Figaro : timbre superbe, excellente projection, vaillance vocale, prononciation travaillée, tout juste pourrait-on lui reprocher une certaine dureté dans la voix (peut être par volonté de trop bien faire). Un nom à retenir, assurément. Un de ses rôles de prédilection est Pelléas, on pourra l’entendre en juin 2007 au Théâtre des Champs-Elysées avec Bernard Haitink, une raison de plus d’assister à cet événement (qui réunira également Magdalena Kozena et Laurent Naouri). S’ils ne maîtrisent pas toutes leurs gammes rossiniennes, l’Ensemble Orchestral de Paris et John Nelson s’en sortent très bien. Une des meilleures soirées lyriques de la saison parisienne, tout simplement.
Philippe Herlin
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