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Paavo Järvi mahlérien confirmé

Paris
Saint-Denis (Basilique)
06/05/2006 -  et 6* juin 2006
Alban Berg: Altenberg Lieder, opus 4
Gustav Mahler: Symphonie n° 2 «Résurrection»

Christine Schäfer (soprano), Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Orféon Donostiarra, José Antonio Sainz Alfaro (chef de chœur), Orchestre national de France, Paavo Järvi (direction)


Paavo Järvi, à la tête de l’Orchestre National, nous a déjà offert de superbes interprétations des symphonies de Mahler, la Neuvième en 2000 (voir ici) et la Troisième en 2002 (voir ici). La Deuxième, qui vient de résonner sous les voûtes de Saint-Denis, se situe au même niveau d’excellence, faisant vite oublier la Huitième ratée par Myung-Whun Chung l’année dernière dans le même lieu. Dès les premières mesures, le parti pris de grandeur et de puissance frappe, avec ces doubles croches arrachées aux cordes graves. Mais on sent aussi que la direction, très précise dans ses gestes, loin de tomber dans le piège du spectaculaire, ne laissera rien au hasard, que les plans sonores seront scrupuleusement étagés, que les lignes resteront d’une parfaite clarté. En d’autres termes, la grandeur n’est jamais lourdeur : même dans les passages les plus explosifs, notamment ceux du finale, la polyphonie ne perd pas ses droits, alors que beaucoup de chefs succombent à la tentation de juxtaposer des blocs sonores. Le caractère analytique de la direction – qui fait ressortir toute la modernité de Mahler, à laquelle sera si sensible la seconde Ecole de Vienne - ne signifie pas non plus sécheresse : l’Andante moderato garde tout son charme viennois, le troisième mouvement tout son piquant. Difficile à tenir et à construire avec ses contrastes accusés, le finale est magnifiquement structuré, en particulier grâce à un sens aigu des gradations dynamiques ; il ne donne jamais une sensation de discontinuité. Bref, le chef estonien a à la fois une main de fer, le souffle long et la tête épique. L’Orchestre National, dont certains se plaisent à dire qu’il n’est pas fait pour ce répertoire, n’a, ainsi conduit, aucune comparaison à craindre, pas plus que l’Orfeon Donostiarra, qui a apporté à l’œuvre une majestueuse conclusion, où toute l’éternité semblait se déployer. Des deux solistes, c’est surtout le beau contralto de Marie-Nicole Lemieux, magnifique de ligne et d’émotion contenue, qui retenait l’attention, le joli soprano de Christine Schäfer peinant à projeter son médium. Dans les Altenberg Lieder de Berg, pourtant très subtilement dirigés, la voix semblait même fâcheusement réduite à une octave, ce qui faisait presque perdre la moitié de la partie vocale.



Didier van Moere

 

 

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