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Mozart et les autres…

Paris
Théâtre du Châtelet
06/07/2006 -  
Jean-Philippe Rameau : extraits de Castor et Pollux
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville : In Exitu Israël
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°31 “Paris”
Henri-Joseph Rigel : La Sortie d’Egypte

Claire Debono (soprano), Karine Deshayes (mezzo), Paul Agnew (ténor), Ardré Morsch (baryton), Alain Buet (basse)
Les Arts Florissants
William Christie

En cette année 2006, William Christie rend hommage à sa manière au compositeur tant fêté, Wolfgang Amadeus Mozart pour ne citer que lui. En effet son programme est judicieux car il y inscrit des oeuvres peu connues et qui ont été jouées par le Concert Spirituel, institution créée par Philidor en 1725. C’est ainsi que Rameau va côtoyer Mondonville ou bien Rigel. Le résultat musical est assez contrasté car si les Arts Florissants sont à l’aise dans Rameau et les autres compositeurs baroques, ils sont moins à leur place dans Mozart.



Le concert s’ouvre sur des extraits de Castor et Pollux. La direction de William Christie, surtout dans cette partition, est très carrée mais ensoleillée. De grands élans musicaux sont donnés aux gammes ascendantes, tout cela sur un fond d’élégance. Le rythme est également bien présent dans l’”air très gai” tandis qu’un tempo très précis et distinct fait merveille dans la chaconne.
William Christie a déjà de nombreux enregistrements et concerts de Mondonville à son actif. Il choisit de jouer ce soir le grand motet In Exitu Israel, fort belle oeuvre. L’atmosphère très solennelle, très religieuse, est maintenue pendant tout le passage: le choeur souligne cette volonté car les voix se grossissent et leur première intervention est presque effrayante tant les voyelles répétées (un peu à la manière de Purcell dans Le Roi Arthur) sont très appuyées sur un crescendo général. Le chef a également une direction très sèche, presque hachée. Trois des solistes interviennent notamment Paul Agnew qui interprète un très bel air “Montes exsultauerunt” avec une sensibilité remarquable et il rend ce récit bien poignant. Il est à noter que ses graves sont de plus en plus fournis (au détriment de ses aigus qui sont arrachés). André Morsch, en revanche, est un nom à retenir: ce jeune baryton allemand, repéré au cours du Jardin des Voix 2005, possède un très bel instrument et fait preuve d’un bel engagement musical. Il chante un air avec choeur et dévoile de beaux graves bien stables et un phrasé élégant. Karine Deshayes, n’est pas au mieux de ses possibilités dans le répertoire baroque. Autant elle est somptueuse dans Rossini, Mozart, autant ici elle peine à exécuter ses vocalises et elle doit parfois grossir sa voix pour parvenir aux aigus. Ne parlons même pas de la prononciation…


La seconde partie s’ouvre sur la Symphonie n°31 “Paris” de Mozart. Il vaut mieux passer sur l’interprétation bien pâle de William Christie de cette oeuvre: il en fait quelque chose de beaucoup trop enjoué et qui n’a aucune profondeur: ce n’est qu’à de trop rares moments que l’on croit percevoir la patte de Mozart.
Le concert s’achève par l’oratorio de Henri-Joseph Rigel, La Sortie d’Egypte composé en 1774. Rigel est loin d’être un compositeur génial mais il sait écrire de jolies mélodies et des ornementations mettant en valeur la soprano. Il sonne un peu comme Mozart mais il n’a pas grand chose à dire! Claire Debono, également révélée dans le dernier Jardin des Voix, possède une jolie voix, fruitée mais pas très puissante: son suraigu (il faut reconnaître que son air est très tendu) est un peu fin et poussé. Toutefois son legato est bien beau dans les gammes. Paul Agnew fait également une apparition, beaucoup moins bonne que dans Mondonville: la voix manque de puissance et il est un peu court dans les aigus. Mais avec Alain Buet, la musique reprend sa vraie place! Il s’impose par sa voix bien contrôlée, puissante et par une diction irréprochable et recherchée. Son grand air “frappe grand dieu” est très impressionnant surtout quand il fait sonner les “r” de “frappe”. André Morsch confirme les espoirs du début du concert et il tente de donner vie au “personnage”.
En bis, le choeur et l’orchestre offre un magnifique extrait des Indes Galantes “Tendre amour”, le passage le plus émouvant, le plus beau musicalement de tout le concert.


Les instrumentistes requis sont de très bonne qualité et il convient de souligner le toucher de Marie-Ange Petit aux percussions, toujours incroyable de classe, dans le premier choeur de Castor “Que tout gémisse” et la flûte toute guillerette de Serge Saitta dans l’”air très gai” (du même ouvrage). Le pupitre des violons est également superbe dans l’introduction du choeur ”O prodige inouï” de l’oratorio de Rigel: il s’agit de grandes vagues musicales très subtiles.



Malgré ces quelques réserves, il n’en reste pas moins qu’il faut saluer les Arts Florissants d’oser programmer des oeuvres aussi rares et qui méritent d’être jouées et d’être connues. Il est très agréable d’écouter cette musique et il faut se laisser prendre par le rythme ramiste, l’expressivité de Mondonville et la légèreté de Rigel…





A noter:
- Ce concert sera repris dans de nombreuses villes: 9 juin au Barbican Center de Londres, le 13 juin au Théâtre de Caen et le 15 juin au festival d’Istanbul.
- William Christie, Paul Agnew et Claire Debono se retrouveront pour un autre Mozart, Idoménée le 15 septembre au Théâtre des Champs-Elysées.


Manon Ardouin

 

 

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