About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Confrontations au sommet

Paris
Auditorium du Louvre
06/07/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Préludes et fugues K. 404a n° 1 et 4 – Duo pour violon et alto n° 1, K. 423 – Divertimento pour trio à cordes, K. 563

Guillaume Sutre (violon), Miguel da Silva (alto), Chistophe Coin (violoncelle)


Est-il si facile que cela de remplir une salle avec Mozart quand on en arrive au sixième mois des célébrations de son deux cent cinquantième anniversaire et que l’on propose ses duos ou trios pour cordes? La question était posée, mais rien ne semble devoir effrayer le public connaisseur et concentré de l’Auditorium du Louvre, toujours fidèle pour ce programme marqué il est vrai par deux confrontations au sommet.


Celle des interprètes, d’abord, puisqu’étaient associés des musiciens de deux formations qui, depuis plus de vingt ans chacune et même si l’une est «moderne» tandis que l’autre est «baroqueuse», communient dans un même degré d’exigence et de probité: le premier violon et l’alto du Quatuor Ysaÿe, d’une part, le violoncelle du Quatuor Mosaïques, d’autre part.


Celle des compositeurs, ensuite, puisque le concert s’ouvrait par la Première et la Quatrième des six Fugues de la famille Bach que Mozart adapta pour trio à cordes au printemps de 1782, en les faisant précéder d’introductions lentes de sa propre main, parfois d’ailleurs plus développées que les fugues elles-mêmes. Même si certaines de ses pièces demeurent semble-t-il d’attribution douteuse, elles sont admirablement servies par la manière dont les interprètes trouvent d’emblée leur entente sur une pureté sonore et un équilibre souverain qui ne visent qu’à laisser se déployer le texte dans toute sa perfection.


Ces expériences contrapuntiques profitent manifestement à l’écriture du Premier duo pour violon et alto (1783), même si son ambition est naturellement moins abstraite et sa portée plus récréative. Minutieux mais pas figés, Guillaume Sutre et Miguel da Silva ont évidemment la technique nécessaire pour se passer du filet de sécurité que leur offrent d’ordinaire leurs deux partenaires des Ysaÿe, mais ils offrent avant tout une complète leçon de style: finesse sans affectation, souplesse sans alanguissement, vigueur sans brutalité, chant sans sentimentalisme.


Après l’entracte, le Divertimento pour trio à cordes (1788) conjugue les qualités (hauteur de vue, personnalité de l’expression) que les œuvres jouées en première partie possédaient séparément. Car si les deux Duos étaient nés par accident – puisqu’il s’agissait alors de prêter main forte à l’ami Michael Haydn qui, souffrant, ne pouvait achever la série de six qui lui avait été commandée – tel n’est pas le cas de cette partition hors du temps: en témoignent notamment sa démesure (plus de trois quarts d’heure), digne du dernier Beethoven, et l’attachement que Mozart met à y prouver que «toutes les bonnes choses vont par trois» (instruments placés sur un pied d’égalité, bémols à la clef), confirmant l’atmosphère d’amitié maçonnique qui ont présidé à sa composition et à sa destination. Malgré quelques imprécisions qui s’estompent au fil des mouvements, l’exactitude et la justesse de ton demeurent toujours aussi époustouflantes: ce qui doit être dit l’est avec une remarquable économie de moyens, sans aucun relâchement, même dans la danse (Menuets) ou dans le rebond de l’Allegro final, tout en offrant de beaux contrastes dans l’Andante à variations.


En bis, l’unique Allegro du Premier trio (1816) de Schubert tranche fort peu sur ce qui a précédé: si – comment dites-vous? – «mozartien»…



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com