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Elixir lyrique

Paris
Opéra Bastille
05/30/2006 -  et 2, 7, 11, 14, 20, 23, 27 juin 2006
Gaetano Donizzeti : L’elisir d’amore
Heidi Grant Murphy (Adina), Paul Groves (Nemorino), Laurent Naouri (Belcore), Ambrogio Maestri (Dulcamara), Aleksandra Zamojska (Giannetta)
Orchestre de l’Opéra National de Paris, Edward Gardner (direction)
Laurent Pelly (mise en scène)


Etonnamment, L’Elixir d’amour est entré tardivement au répertoire de l’Opéra de Paris : en 1987 seulement, dans une production extérieure qui plus est (du Festival de Vienne). L’Opéra Comique, il est vrai, préemptait ce type d’opéra, mais cette œuvre populaire qui ne tombe pas dans la facilité, plus fine (musicalement et psychologiquement) qu’on ne pourrait le penser au premier abord, ne dépareille pas dans le ce grand vaisseau qu’est Bastille, surtout quand quelqu’un d’intelligent comme Laurent Pelly la met en scène.


Laurent Pelly c’est, bien sûr, Platée, récemment repris à Garnier, La Belle Hélène et La Grande Duchesse de Gerolstein au Châtelet ou Orphée aux Enfers à Lyon, soit d’incontestables réussites, audacieuses dans la forme mais toujours respectueuses du texte. Plus «sage» ici (mais l’opéra de Donizetti ne demande pas qu’on en rajoute), il transpose l’œuvre dans les années 50 en Italie, l’âge d’or du cinéma néoréaliste, celles des comédies de Vittorio De Sica, réalisateur du célèbre Voleur de bicyclette (1948) par exemple. Un tas de bottes de foin sert de décor (à escalader !) pour figurer les moissons, Dulcamara vient vendre son remède magique dans une camionnette brinquebalante, des cyclistes et un petit chien traversent la scène, on a même le son des cigales pendant le changement de décor ! C’est charmant et juste. Les personnages sont campés avec ce qu’il faut de caractérisation mais sans caricature, le ton de la comédie est idéalement maintenu.


La distribution est de bon niveau, même si l’on pourra regretter le format vocal un peu étroit de Heidi Grant Murphy en Adina. Par contre, Paul Groves, pourtant annoncé enrhumé, fait preuve d’un beau timbre et d’une réelle endurance en Nemorino, Laurent Naouri prête sa voix si théâtrale à un hilarant Belcore, et le Dulcamara d’Ambrogio Maestri ne nous roule pas dans la farine avec sa voix, ample, profonde et chaleureuse. Le jeune chef anglais, et ancien assistant de Sylvain Cambreling, Edward Gardner, manque de vivacité et d’euphorie, dommage.


Voici le spectacle de fin de saison. Il sera repris au mois de juillet avec une distribution totalement différente.





Philippe Herlin

 

 

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