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Con fuoco Paris Eglise de Chaumont-en-Vexin 05/27/2006 - Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano n° 25, K. 293a [301]
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 3, opus 108
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 10, opus 96
Maurice Ravel : Tzigane
Augustin Dumay (violon), Dimitris Saroglou (piano)
Sous la présidence et la direction artistique toujours aussi dynamiques de Dimitris Saroglou, la quatrième édition du Festival du Vexin, propose, du 20 mai au 9 juillet, vingt et un concerts associant des artistes que l’on peut déjà considérer comme des fidèles de la manifestation (Augustin Dumay, Abdel Rahman El Bacha, Alexandre Tharaud) et des nouvelles recrues (Robert Expert, Olivier Gardon, le Trio Wanderer, l’Orchestre de Picardie, …). Année 2006 oblige, Mozart et Chostakovitch ont droit aux honneurs, mais les contemporains (Henri Dutilleux, Suzanne Giraud, Thierry Pécou) ne sont pas oubliés pour autant. Au-delà de la musique, l’objectif du festival demeure, au travers de visites, balades et même dégustations de produits du terroir, de faire découvrir les églises et châteaux de l’ancien pays des Véliocasses, désormais écartelé entre trois régions et quatre départements.
L’église (XVIe) de Chaumont-en-Vexin (Oise), autrefois adossée au château fort et dominant l’ancien doyenné, mérite ainsi le détour: sa situation et son architecture constituent un cadre magnifique pour le récital d’Augustin Dumay et Dimitris Saroglou, intitulé, on ne sait trop pourquoi, «Maestoso». Au demeurant, c’est plutôt «Con fuoco» qui aurait convenu, tant le violoniste français, sans jamais se départir pour autant de son élégance coutumière, déploie d’engagement et de conviction, extériorisant son énergie par des déplacements qui s’accompagnent parfois de crissements sonores provoqués par le frottement de ses chaussures sur les dalles.
D’emblée, il se jette avec avidité et gourmandise sur la Vingt-cinquième sonate (1778) de Mozart: direct, dynamique, enthousiaste et vivant, son jeu évite autant la brusquerie que les chichis, servi par une acoustique très généreuse, qui magnifie le velouté et la puissance de son instrument. Dans une Troisième sonate (1888) de Brahms naturelle, entière et chaleureuse, d’une grande qualité de chant, l’expression et la passion prennent résolument le dessus, avec un archet qui n’hésite pas à racler, créant une atmosphère échevelée et tempétueuse qui rappelle la première manière du compositeur, mais aussi ce que sa musique comporte d’esprit tzigane. Bien qu’offrant un piano volontiers symphonique, Dimitris Saroglou se fait davantage un fidèle accompagnateur qu’un partenaire égal.
Après ce Brahms beethovénien, Augustin Dumay livre un Beethoven que l’on serait tenté de qualifier de… brahmsien, du moins dans le caractère si gemütlich qu’il confère aux deux premiers mouvements de la Dixième sonate (1812). Sans rechercher les ruptures et la modernité de cette ultime sonate, l’interprète se fait plaisir, et fait ici plaisir au public, tout en retrouvant dans les deux derniers mouvements une vigueur impressionnante et des attaques d’une franchise réjouissante.
Conclusion en forme de bis pour cette soirée, Tzigane (1924) de Ravel est enrichi du gazouillis des oiseaux qui se manifestent à la tombée de la nuit, comme si Dumay, tel Orphée, savait charmer les animaux… et même ces bêtes curieuses que sont les mélomanes, avec des auditeurs visiblement convaincus par son approche colorée et spectaculaire, qui privilégie le caractère de pièce de virtuosité sur le second degré.
Le site du Festival du Vexin
Simon Corley
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