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La Cité des couleurs

Paris
Cité de la musique
05/20/2006 -  
John Cage : The Seasons pour piano – The Seasons pour orchestre
Anton Webern : Six pièces, opus 6
Pierre Boulez : Douze Notations pour piano – Notations I, VII, IV, III et II pour orchestre

Michael Wendeberg (piano)
Orchestre national de Lyon, Stefan Asbury (direction)


Le cycle consacré aux années cinquante par la Cité de la musique s’est achevé par un concert dont aucune œuvre ne datait desdites années mais qui était articulé autour de partitions, refusant tout développement et plongeant leur racines avant celles-ci, de compositeurs qui les marquèrent profondément.


La première du jeu piano/orchestre, fil conducteur de la soirée, était la réduction arrangée par le compositeur lui-même de The Seasons de John Cage (1947). La partition paraît encore loin des impasses expérimentales des années suivantes. Il s’agit d’une musique de ballet plus ou moins marquée par les philosophies orientales et puisant clairement ses sources chez Debussy et le Stravinski des Noces. Rien à voir avec les Saisons de Vivaldi ou de Haydn ou, malgré leur brièveté comparable, avec celles, également pour piano, de Tchaïkovski, mais leur infinie poésie fut admirablement rendue par un interprète d’exception en la personne de Michael Wendeberg. La multiplicité de leurs couleurs est cependant amplifiée par leur version orchestrale, en vérité antérieure. Le piano n’a pas disparu; il reste fondu dans un immense orchestre, ses cordes graves étant parfois frappées par des baguettes feutrées, la partie la plus remarquable étant néanmoins dédiée aux bois dont l’ensemble virevoltant rappelle cette fois le Stravinski de L’Oiseau de feu.


Après l’entracte, l’Orchestre national de Lyon montrait la remarquable qualité de tous ses pupitres dans les pages les plus emblématiques de Webern, maître de la petite forme hyperconcentrée et des deux artistes à l’honneur de la Cité de la musique, Cage et Boulez. Les Six pièces (1913) sont probablement l’une des œuvres les plus fascinantes du XXe siècle. Stefan Asbury privilégia, dans sa vision de la version de 1928, les aplats de couleurs aux dynamismes mais fit admirablement ressentir combien nous sommes ici aux confins du silence. L’intériorité de ses pages déchirantes, datant de près d’un siècle, mais non point expressionnistes, ne fut que déchirée par les sanglots étouffés de cuivres bouchés qui semblaient destinés au silence éternel.


L’orchestre restait ensuite en place pour entendre avec le public les Douze Notations écrites à vingt ans par Boulez. Le pianiste, au travers des changements de vitesse et d’intensité, des scintillements, des effets de résonance, rendit parfaitement justice aux critiques définitives relatives à la sécheresse d’un compositeur qui décidément n’est pas que l’auteur du Marteau sans maître.


Après les applaudissements chaleureux du public et de l’orchestre, qui l’entourait, ce dernier reprit, avec des renforts impressionnants – neufs contrebasses, trois harpes … – qui le firent occuper plus d’un tiers de la salle, quelques Notations. La version orchestrale, très amplifiée, – work in progress postérieur à 1978 – était donnée dans un ordre ne correspondant ni à celui de la version originale ni à celui de la chronologie de leur composition. Peu importe. A vrai dire, il était difficile de déceler l’original pour piano datant de l’époque où Boulez était dans la classe de Messiaen au Conservatoire mais c’est bien curieusement à son mentor que les puissants tutti, rythmés et exubérants, faisaient songer. La clarté de l’interprétation de ces pages marquées par une inventivité de chaque instant suscita de vifs applaudissements, Stefan Asbury, après plusieurs rappels, y répondant en brandissant ses immenses partitions, en hommage à leur créateur.



Stéphane Guy

 

 

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