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Musiques pour un hommage

Paris
Palais Garnier
05/17/2006 -  – et 18 mai 2006 (Bruxelles)
Wolfgang Amadeus Mozart : Grande messe en ut mineur, K. 417a [427]
Anton Bruckner : Symphonie n° 4 «Romantique»

Ekaterina Syurina, Christiane Oelze (sopranos), Xavier Mas (ténor), Ilya Bannik (basse)
Tölzer Knabenchor, Gerhard Schmidt-Gaden (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra national de Paris, Sylvain Cambreling (direction)


Pour son dernier concert symphonique de la saison, l’Orchestre de l’Opéra national de Paris et Sylvain Cambreling ont abandonné un temps Bastille et les représentations de Simon Boccanegra (voir ici) pour retrouver le cadre toujours aussi magique de Garnier. En fond de scène toutefois, quelques palmiers incongrus pour un programme aussi dense et sérieux, mais également copieux, particulièrement approprié pour un hommage, bien qu’ayant évidemment été conçu avant que n’ait été connue la nouvelle de la disparition, le 24 avril dernier à l’âge de quarante-trois ans, de Hedwig Dewitte, directeur de la coordination artistique et des formations musicales de l’Opéra, à la mémoire duquel la soirée était dédiée.


Dans la Messe en ut mineur (1783) de Mozart, c’est pour un «chœur d’enfants» – qui n’en comporte pas moins… des ténors et des basses – que l’on a opté, avec le prestigieux Tölzer Knabenchor, dirigé depuis sa création, voici tout juste cinquante ans, par Gerhard Schmidt-Gaden. Au-delà de la verdeur et de la fragilité inhérentes aux jeunes voix, la formation bavaroise déçoit trop souvent par son manque de justesse et, peut-être pour des raisons d’ordre acoustique, ne se fond pas bien avec la masse orchestrale dans les passages forte.


Le quatuor soliste se révèle en revanche remarquable, dominé par le timbre cristallin, la précision et l’aisance d’Ekaterina Syurina: difficile, dès lors, de condamner les quelques applaudissements qui ne peuvent s’empêcher de fuser après l’Et incarnatus est. A ses côtés, Christiane Oelze ne peut sembler que plus terne et moins assurée, avec une couleur plus sombre, une projection moindre et une tendance à abuser des ports de voix. Xavier Mas et Ilya Bannik s’acquittent de façon satisfaisante du rôle restreint qui leur est consenti. Très contesté pour ses récentes prestations dans Don Giovanni (voir ici) et Les Noces de Figaro (voir ici), Cambreling dirige ici à mains nues: sans surprise, son Mozart est carré et dégraissé, voire sec (Qui tollis), mais avance toujours et ne manque ni d’élan (Osanna), ni de grandeur ou même d’apparat (Sanctus).


En seconde partie, le choix de la Quatrième symphonie «Romantique» (1874), dans la traditionnelle édition Haas (version de 1880), ne créait pas de rupture, car avec Bruckner, la religion n’est jamais loin, même si l’œuvre suggère une thématique d’ordre plus profane que sacré. Cambreling, qui a repris la baguette, s’attache à éclaircir le propos: tempi vifs, notamment dans les mouvements extrêmes, mise en valeur des voix secondaires, soin apporté à la construction. Loin des mystères et des profondeurs de la forêt germanique, cette conception sobre et dépouillée, défendue avec cohérence de la première à la dernière mesure et servie par un orchestre quasiment irréprochable, apparaît plus abstraite que poétique ou décorative, plus légère que massive, pesante ou solennelle.


Le site de Sylvain Cambreling

Le site du Tölzer Knabenchor

Le site de Christiane Oelze



Simon Corley

 

 

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