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Cocktail

Paris
Théâtre Mogador
05/13/2006 -  
Richard Wagner : Der fliegende Holländer (ouverture) – Siegfried (Les Murmures de la forêt) – Die Walküre (La Chevauchée des Walkyries)
Franz Liszt : Totentanz – Fantaisie hongroise
Modeste Moussorgski : Une nuit sur le Mont Chauve

France Clidat (piano)
Orchestre Pasdeloup, Wolfgang Doerner (direction)


Sous le titre «Envoûtement», l’Orchestre Pasdeloup donnait son dernier concert de la saison, marquant également son départ de Mogador pour rejoindre en 2006-2007, pour dix programmes placés sous le signe du «Voyage», alternativement la Salle Pleyel, la Salle Gaveau et le Théâtre du Châtelet. Pour l’occasion, Wolfgang Doerner, premier chef invité de facto de l’association symphonique parisienne, proposait un cocktail au succès imparable: trois doses de Wagner, deux doses de Liszt et une dose de Moussorgski.


Wagner aux Concerts Pasdeloup, c’est une tradition qui remonte au fondateur des «concerts populaires», organisés à partir de 1861 au Cirque d’hiver. En début de programme, Doerner conduit une ouverture du Vaisseau fantôme (1841) narrative et pleine d’élan, aux textures claires, et l’après-midi se conclura avec deux extraits symphoniques de la Tétralogie: les Murmures de la forêt (1869), au commencement par trop incertain, et une Chevauchée des Walkyries (1856) en revanche tout à fait convaincante, plus transparente et tranchante que pesante, malgré un tempo assez retenu.


Liszt aux Concerts Pasdeloup, c’est France Clidat, et réciproquement: alors âgée de vingt-quatre ans, c’est en interprétant le compositeur hongrois qu’elle y fit ses débuts, voici près d’un demi-siècle, revenant ensuite régulièrement jouer ses œuvres concertantes. Même elle si elle a démontré dans le passé qu’y joindre les deux concertos ne l’effrayait nullement, elle s’est «limitée», en 1956 comme pour ce jubilé, à la Danse macabre (1849) et à la Fantaisie hongroise (1853): la prise de risque est mieux assumée dans la seconde que dans la première, mais l’ensemble conserve de la puissance et de l’allure, sans esbroufe ni facilité. Après un éloge manifestement aussi sincère qu’appuyé de l’orchestre et du chef, la pianiste offre en bis un radieux chant d’amour, la transcription de Widmung, première des mélodies du cycle Myrthen (1840) de Schumann, dédicace à la mesure de ces noces d’or avec les concerts Pasdeloup.


Entre-temps, Doerner avait dirigé Une nuit sur le Mont Chauve (1867) très engagée, digne prolongement de la Danse macabre, mais sans excès grinçants ou spectaculaires pour autant. Le moment des saluts est emblématique de la qualité des liens qui unissent le chef autrichien à l’orchestre depuis maintenant près de vingt ans, lorsqu’il vient présenter ostensiblement ses remerciements chaleureux à Nicole Dhainaut, violoncelliste sur le départ, visiblement très émue de ce geste.



Simon Corley

 

 

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