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Musique française à l'Orchestre de Paris

Paris
Théâtre Mogador
04/26/2006 -  et le 27 avril 2005
Olivier Messiaen : Oiseaux exotiques
Maurice Ravel : Concerto pour la main gauche
Claude Debussy : Images pour orchestre

Roger Muraro (piano)
Orchestre de Paris, Pascal Rophé (direction)

On sait que Roger Muraro connaît et joue Messiaen comme personne, lui qui a – une prouesse ! – enregistré l’intégralité de son œuvre pour piano seul, sans parler de la Turangalîla-Symphonie, de La Transfiguration ou des Canyons aux étoiles. Loin de l’aridité de certains de ses confrères spécialisés dans le répertoire contemporain, il en fait l’héritier de toute tradition pianistique héritée de Liszt, où la générosité du jeu, la richesse orchestrale de la sonorité, l’éventail infini des couleurs comptent plus que la virtuosité démonstrative.
Son récent concert avec l’Orchestre de Paris, qui commençait par Oiseaux exotiques, vient de le confirmer avec éclat. On a vraiment l’impression d’entendre cette musique que Messiaen disait « rouge, orange, bleue, verte, pourpre, violette comme les oiseaux eux-mêmes », tant le pianiste s’y montre inventif, spontané, jubilatoire, bien en phase avec un orchestre rutilant, conduit avec un sens aigu du rythme et des couleurs par Pascal Rophé. Le Concerto pour la main gauche de Ravel se situe lui aussi dans la tradition lisztienne, d’une puissance prométhéenne, le piano apparaissant comme un orchestre dans l’orchestre, les deux interprètes refusant délibérément de prendre le parti de cette sécheresse acérée dont Ravel lui-même se targuait volontiers. Cela dit, rien ne sonne épais sous les doigts d’acier de Roger Muraro – la légèreté du pouce est assez étonnante ; tout reste d’une parfaite plasticité. L’orchestre en revanche, malgré les qualités individuelles des pupitres, semble parfois un peu massif, le chef ne parvenant pas, dans les premières mesures, à faire vraiment émerger la musique des frontières du silence.
Données en seconde partie, les Images de Debussy laissent une impression mitigée. On retrouve avec bonheur le sens de la pulsation, la clarté analytique qu’on avait appréciés dans l’œuvre de Messiaen : plus que ses subtilités impressionnistes, Pascal Rophé veut visiblement nous révéler la modernité prophétique du triptyque debussyste, qu’il s’agisse du langage lui-même ou de la sonorité en soi. Mais sa direction, du coup, semble trop carrée, trop mécanique, elle manque de rondeur et de mystère, avec une palette dynamique trop limitée : la transition, dans Iberia, entre « Les Parfums de la nuit » et « Le Matin d’un jour de fête », perd beaucoup de sa magie.



Didier van Moere

 

 

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