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Esprit de finesse Normandie Deauville (Salle Élie de Brignac) 04/02/2006 -
Claude Debussy : Sonate pour violoncelle et piano
Jérôme Pernoo (violoncelle), Jérôme Ducros (piano)
Francis Poulenc : Sextuor pour piano et vents
Jérôme Ducros (piano), Alexis Kossenko (flûte), Alexandre Gattet (hautbois), Florent Héau (clarinette), Marc Trénel (basson), David Defiez (cor)
Camille Saint-Saëns : Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle en si bémol majeur, opus 41
Jonas Vitaud (piano), Alessandro Moccia (violon), Lise Berthaud (alto), Sébastien Van Kuijk (violoncelle)
Bohuslav Martinu: La revue de cuisine, sextuor H. 161
Jérôme Ducros (piano), Alessandro Moccia (violon), Sébastien Van Kuijk (violoncelle), Florent Héau (clarinette) Marc Trénel (basson), Clément Saunier (trompette)
Ce deuxième concert de la dixième édition du festival de musique de chambre de Deauville, enregistré par France Musique, était articulé autour d’un programme parfaitement équilibré rassemblant des œuvres ayant comme point commun un certain esprit de finesse pour ne pas parler d’humour.
La première œuvre, une des dernières de Debussy, était marquée par un engagement très prononcé, parfois au détriment de la précision et du charme, de Jérôme Pernoo, le piano, très métallique ce soir là, restant conformément à la volonté de Debussy en retrait tout en manquant peut-être de clarté sous les doigts très agiles de Jérôme Ducros.
La deuxième œuvre incarnait tout l’esprit de Poulenc : extraordinaire variété des interventions, humour décalé, pétillant, conclusion grinçante, voire mélancolique. L’enthousiasme des interprètes, leur justesse de ton correspondirent tout à fait à l’esprit de l’œuvre, le basson de Marc Trénel se révélant en tout point remarquable.
La troisième partition -quatrième dans le programme- rappelant dans les tutti le Carnaval des animaux, était un véritable déluge de notes, notamment pour le pianiste, comme d’habitude chez Saint-Saëns. L’ensemble fut parfaitement homogène, Lise Berthaud montrant qu’elle avait à nouveau progressé dans la maîtrise de son instrument depuis ses prestations à Deauville de l’an dernier.
Les dernières pages, fantaisies très dansantes, peut-être les plus connues de Martinu mais sans doute pas les plus idiomatiques et les plus originales de leur auteur, et à vrai dire moins intéressantes et poétiques que certains des passages du même esprit de L’Enfant et les sortilèges, soulevèrent l’enthousiasme du public au point que le troisième mouvement, Charleston, fut redonné en bis, le basson de Marc Trénel étant toujours parfait, tandis que Jonas Vitaud prenait grand soin à ne pas taper sur le Steinway de service.
On ne peut donc que regretter le nombre de sièges vides de ce dimanche après-midi dans la salle de bois qui sert normalement de cadre aux ventes de yearlings dans la ville la plus «glamour» de France et qui augurent mal de la suite du festival cette année et même de son caractère pérenne. Peut-être était-ce dû à quelques rayons de soleil poussant les nombreux visiteurs de Deauville à déambuler sur les célèbres planches ou plus sûrement à un nouveau système de billetterie -billets inachetables le week-end sur place par les parisiens-, par rapport à l’an passé, à des annonces d’horaires et de conditions de vente des billets erronées ainsi qu’à un accueil à l’Office de tourisme de la ville pour le moins dissuasif. Mais cela était d’autant plus attristant que les jeunes artistes présents, souvent et à juste titre renommés, mirent tout leur cœur à partager leur plaisir de jouer ensemble avec un public par trop clairsemé. On peut craindre dans cette perspective que le concert du 16 avril prochain où sera interprété du Ligeti soit donné en petit comité ...
Stéphane Guy
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