About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Evocations espagnoles

Paris
Saint-Cloud
03/23/2006 -  24 (Saint-Germain-en-Laye), 25* (Paris) mars 2006
Nikolaï Rimski-Korsakov : Capriccio espagnol, opus 34
Esteban Benzecry : Evocation d’un rêve (création)
Pablo de Sarasate : Zapateado, opus 23 n° 2 – Romanza andaluza, opus 22 n° 1 – Zigeunerweisen, opus 20
Manuel de Falla : Noches en los jardines de Espana – El Sombrero de tres picos (Seconde suite)

Nemanja Radulovic (violon), Florence Millet (piano)
Orchestre Pasdeloup, Leonardo Gasparini (direction)


Sous le titre «Evocation», les Concerts Pasdeloup proposaient un programme copieux et difficile, tant pour l’orchestre que pour son public très traditionnel, mais rien de tel, en ce samedi après-midi pluvieux que se réfugier à Mogador pour se réchauffer au soleil de musiques inspirées par l’Espagne. Le concert démarrait d’ailleurs sous d’excellents auspices, avec un Capriccio espagnol (1887) de Rimski-Korsakov auquel il manquait davantage de folie que d’élégance: sans histrionisme, le chef italien Leonardo Gasparini maintient fermement le cap dans cette lecture sérieuse et soignée, agrémentée par de beaux soli des bois.


Comme les œuvres contemporaines peinent à trouver leur place à l’affiche des associations symphoniques parisiennes, tant pour des raisons matérielles que pour ne pas heurter la frilosité des spectateurs, la création de Evocation d’un rêve (2005) pour violon et orchestre d’Esteban Benzecry (né en 1970) mérite tout particulièrement d’être saluée. D’un parfum discrètement ibérique, ces onze minutes assez composites – rien d’étonnant de la part du compositeur argentin, qui revendique des influences aussi diverses que celles de Ginastera, Villa-Lobos, Revueltas, Chavez, Dutilleux, Dalbavie, Lindberg et Saariaho! – n’auront nullement choqué, d’autant que Nemanja Radulovic met sa virtuosité exubérante au service d’un propos brillant et coloré qui s’inscrit dans une accélération continue, pas même interrompue par une cadence soliste tout à fait conforme aux canons du genre.


Air gentiment filou et crinière sombre, le violoniste fait ensuite chavirer la salle dans trois pièces de Sarasate: à son actif, un abattage inaltérable qui brûle les planches dans le Zapateado (1880) ou la conclusion des Airs bohémiens (1878), mais aussi une qualité de chant et de phrasé qui s’illustre notamment dans la Romance andalouse (1879). En bis, le dernier mouvement (Les Furies) de la Deuxième sonate (1923) d’Ysaÿe sera époustouflant comme il se doit.


Moins exotique et pittoresque que chez Sarasate, la vision qu’offre Falla de son pays dans les Nuits dans les jardins d’Espagne (1915) s’apparente bien plus à la manière dont Bartok aborde à la même époque le traitement du matériau folklorique. Dans cet esprit, le jeu clair et articulé, très «français», de Florence Millet, à l’unisson de la direction de Gasparini, en donne une incarnation équilibrée et objective, sans excès de romantisme ou de flou. La pianiste offre un bis judicieusement choisi: La Puerta del vino, extrait du Second livre (1912) des Préludes de Debussy, inspiré par une carte postale de Grenade qu’il avait reçue de Falla. Et c’est sa Seconde suite du Tricorne (1919) qui conclut un peu sagement mais sans effets de manche ces évocations espagnoles.


Le site d’Esteban Benzecry



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com