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Un brucknérien inattendu

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
03/17/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour violon n° 5, K. 219
Anton Bruckner : Symphonie n° 7, G. A. 110

Augustin Dumay (violon)
Orchestre philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction)


Très belle affluence au Théâtre des Champs-Elysées pour ce programme de l’Orchestre philharmonique de Radio France: parmi les spectateurs, Renaud Capuçon et Ivry Gitlis venus notamment entendre Augustin Dumay dans le Cinquième concerto (1775) de Mozart. Le violoniste français possède un archet toujours aussi élégant et charmeur, parfois même narcissique, plus soucieux de son plaisir et de celui du public que de vérité historique dans les inflexions romantiques qu’il imprime au discours, en particulier dans les cadences. Une vision de Mozart à la fois confortable et plaisante, mais parfaitement assumée et convaincante, enrichie par un accompagnement certes plus carré que la prestation du soliste, mais autrement plus aéré et vivant que celui dispensé la veille par Ashkenazy et l’Orchestre national dans la Symphonie concertante (voir ici).


A l’invitation de Dumay, les musiciens jouent Happy birthday to you, destiné non au deux cent cinquantième anniversaire de Mozart mais à Eliahu Inbal, qui a fêté ses soixante-dix ans le 16 février dernier. Le bis poursuit dans la veine mozartienne, avec l’Adagio en mi (1776), alternative à l’Adagio du Cinquième concerto que le compositeur écrivit à la demande de Brunetti, violoniste de la cour de Salzbourg qui trouvait la première version «trop étudiée à son goût»…


Inbal s’est fait connaître, voici une vingtaine d’années, à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio de Francfort, pour ses symphonies de Mahler parues chez Denon et saluées en leur temps comme d’excellentes réalisations. A tort ou à raison, son intégrale Bruckner n’a pas acquis la même notoriété et il était donc intéressant de le découvrir dans la Septième symphonie (1883), mais aussi de retrouver le Philhar’ dans un répertoire qu’il avait fait sien du temps de Marek Janowski.


Rien ici de surhumain comme avec Eschenbach/Philadelphie (voir ici), ni de cérébral comme avec Dohnanyi/Hambourg (voir ici), mais une vision profondément humaine: un Bruckner de chair et de sang, puissant et expressif, qui respire et chante généreusement, mais sans lourdeur, avec des cuivres qui claquent avec éclat et ne s’enlisent jamais. Difficile en même temps de ne pas penser qu’Inbal, Chefdirigent du Berliner Sinfonie-Orchester depuis l’été 2001, met à profit ses accointances mahlériennes, s’engageant dans une odyssée rhapsodique, contrastée et dramatique, avec ses indéniables excès: nulle errance pour autant, car il sait parfaitement où il veut nous mener, usant d’un art remarquablement abouti des transitions et des progressions, et n’autorise pas de temps morts dans le déroulement du discours. A noter, pour les brucknéromanes, le respect scrupuleux de l’édition Nowak, avec cymbales et triangle au point culminant de l’Adagio.


La satisfaction est d’autant plus au rendez-vous qu’il y avait fort longtemps que l’orchestre, faisant preuve d’une concentration exemplaire et d’une solide cohésion, n’avait affiché une santé aussi réjouissante, avec des cordes d’une superbe plénitude. Il est enfin un indice qui ne trompe pas: la qualité d’écoute (devenue hélas trop rare à Paris) réservée par le Théâtre des Champs-Elysées à cette interprétation.



Simon Corley

 

 

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