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Deux anniversaires, un mariage et un enterrement Paris Théâtre des Champs-Elysées 03/16/2006 - et 17 mars 2006 (Dijon) Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon et alto, K. 364
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 4, opus 43
Janine Jansen (violon), Julian Rachlin (alto)
Orchestre national de France, Vladimir Ashkenazy (direction)
Pour la venue de Vladimir Ashkenazy, l’Orchestre national de France associait en une seule soirée les deux anniversaires qui marquent cette année 2006, débutant par la Symphonie concertante pour violon et alto (1779) de Mozart. C’était également l’occasion de découvrir la Néerlandaise Janine Jansen et de retrouver Julian Rachlin, déjà connu du public parisien, mais cette fois-ci à l’alto. Symphonie ou concerto? Ne parvenant pas toujours à bien se détacher d’un orchestre sobre et restreint (vingt-neuf cordes) mais à la sonorité parfois confuse, comme s’ils manquaient de puissance, Jansen et Rachlin n’en cultivent pas moins une approche résolument soliste, se livrant à des joutes de virtuosité et de pathos, décoratives et capricieuses: tout le contraire de ce que les chefs de pupitre de l’orchestre (dont Luc Héry, observant cette fois-ci les événements depuis son poste de premier violon solo) avaient donné à entendre sous la baguette de Svetlanov voici près de six ans (voir ici).
Cela étant, force est cependant de reconnaître que le duo Jansen/Rachlin «fonctionne» à merveille, échangeant ces phrases en balles de ping-pong dans une parfaite complicité, qui se prolonge dans leur bis: pourtant plus approprié à ce genre de démonstrations brillantes, l’arrangement (1897) par Johann Halvorsen de la Passacaille de la Septième suite pour clavecin (1720) de Haendel résiste toutefois difficilement à la surenchère d’intentions et d’arbitraire dont il est ici lesté.
Après ce mariage, la seconde partie tenait de l’enterrement, celui des dernières illusions que Chostakovitch pouvait entretenir sur l’évolution du régime soviétique, période qui trouve tout particulièrement son illustration dans sa Quatrième symphonie (1936). Point de non-retour, cette partition problématique et expérimentale tient une place unique dans l’oeuvre du compositeur et ses rares apparitions constituent donc toujours un événement, d’autant qu’elle requiert un effectif imposant (près de cent dix instrumentistes). Mais encore faut-il porter cet éparpillement de climats et ce kaléidoscope sonore par une vision, qui, dans cette lecture littérale et appuyée, dépourvue de tension, de caractère et d’enjeu, aux phrasés éteints, fait cruellement défaut: comme il est impossible qu’Ashkenazy n’ait pas quelque chose à dire dans cette symphonie et se contente ainsi de battre la mesure, c’est qu’il n’aura pas réussi à faire passer le message aux musiciens.
Le site de Janine Jansen
Le site de Julian Rachlin
La page de Vladimir Ashkenazy sur le site de Decca
Simon Corley
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