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Tambour battant Paris Théâtre des Champs-Elysées 03/12/2006 - et 7 (Dresden), 8 (Leipzig) mars 2006 Richard Strauss : Don Juan, opus 20 – Danse des sept voiles de «Salomé», opus 54
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps
Maki Ishii : Mono-Prism
Orchestre symphonique de l’Université Waseda, Masahiko Tanaka (direction)
Sous la bannière avantageuse d’un «hommage à Karajan» placé sous le haut patronage de sa veuve, l’Orchestre symphonique de l’Université Waseda de Tokyo achevait au Théâtre des Champs-Elysées une tournée qui l’a précédemment conduit dans les grandes villes d’Allemagne et d’Autriche. Il est vrai que cette phalange s’enorgueillit d’avoir remporté en 1978 la «médaille d’or Herbert von Karajan» à l’issue du cinquième Concours international d’orchestres de jeunes de Berlin. Toutefois, à la différence de formations telles que l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler ou l’Orchestre français des jeunes auxquelles le public parisien est habitué, il ne s’agit pas ici de la réunion temporaire de futurs musiciens professionnels, mais d’étudiants (et aussi de fort nombreuses étudiantes) dans diverses disciplines autres que la musique, vers laquelle cependant «beaucoup d’entre eux finissent par se tourner entièrement», si l’on en croit la notice de présentation de l’orchestre.
Techniquement ambitieux, le programme débutait par Don Juan (1888) de Strauss, où la cohésion et la solidité de l’ensemble japonais compensent un manque de finition, de rondeur, de vigueur et de couleur. Partition avec laquelle il avait remporté sa «médaille Karajan», Le Sacre du printemps de Stravinsky est apparemment devenu la mascotte de l’orchestre, fondé l’année même où ce ballet fut créé (1913), qui plus est au Théâtre des Champs-Elysées. Ici aussi, la qualité instrumentale se révèle inégale, à l’image d’un basson à la peine dans son solo liminaire mais d’un excellent cor anglais. Difficile de véritablement échouer dans une oeuvre possédant un tel impact, mais le discours, trop souvent privé d’élan, de tranchant, de mordant et même de puissance, est émoussé par une approche excessivement sage, prudente et terne.
Strauss ouvrait également la seconde partie, avec la Danse des sept voiles extraite de Salomé (1905), où l’orchestre se montre sous un meilleur jour, même si les fluctuations de tempo imposées par son président honoraire, Masahiko Tanaka, sont parfois dfficiles à suivre.
La principale attraction était, comme il se doit, réservée pour la fin: soucieux, à l’image de son compatriote Toru Takemitsu, de confronter les traditions occidentale et orientale, Maki Ishii (1936-2003) fait appel, dans Mono-Prism (1976), à sept joueurs de taiko, en costume traditionnel, assis en tailleur à l’avant-scène. De trois tailles différentes, ces tambours sont capables d’aigus comme de graves assourdisssants, couvrant hélas la plupart du temps un orchestre à l’effectif pourtant respectable et dont l’écriture par grands blocs sonores, rappelant le premier Ligeti, était prometteuse, si l’on en juge par l’introduction. Mais la formidable énergie déployée par les percussionnistes aura au moins eu le mérite de réveiller des spectateurs jusque là assez tièdes.
Simon Corley
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