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Tradition respectée Bruxelles Théâtre Royal de la Monnaie 06/13/2000 - et 15, 18*, 21, 24, 27, 29 juin, 2, 4, 7 juillet, 1, 2, 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 12 septembre 2000 Giacomo Puccini : Tosca Ines Salazar (Floria Tosca), César Hernandez (Mario Cavaradossi), Albert Dohmen (Il barone Scarpia), Yanni Yannissis (Cesare Angelotti), Enrico Fissore (Il sagrestano), Ricardo Cassinelli (Spoletta), Lynton Black (Sciarrone), Paul Gérimon (un carceriere), Eléonore Lefebvre/ Jasper Sturtewagen (un pastore)
Uwe Eric Laufenberg (mise en scène), Kaspar Glarner (décors), Madlaina Peer (costumes), Hans Nadolny (dramaturgie), Wolfgang Göbbel (lumières), Renato Balsadonna (chef des choeurs), Denis Menier & Benoît Giaux (chef des choeurs d’enfants), Antonio Pappano (direction musicale)
La fin de la saison du Théâtre Royal de la Monnaie laisse un petit goût amer de déception après plusieurs réussites exceptionnelles, la plus remarquable restant Wintermärchen.N’en voulons pas trop à Bernard Foucroulle, d’autant plus que l’équipe responsable de cette nouvelle production (partagée avec le Grand Théâtre de Genève qui la recevra en juin 2001) n’est pas celle qui était prévue à l’origine.
Mais il est vrai qu’Uwe Eric Laufenberg, qui avait pourtant réussi ici même une superbe Ariadne auf Naxos n’a fait preuve d’aucune inspiration particulière, se contentant de suivre le livret et la tradition, ce qui n’est pas en soi un défaut bien-sûr. Un metteur en scène doit cependant proposer d’aller plus loin, faute de quoi, l’oeuvre, surtout lorsqu’elle est aussi souvent représentée, n’ atteint pas le niveau émotionnel qu’elle mérite.
Peu aidé par des décors laids et peu fonctionnels, des costumes d’un goût douteux (les robes de Floria !), Laufenberg nous propose donc une vision banale, dont le seul mérite est de ne pas détourner l’oeuvre. La représentation est heureusement sauvée par une interprétation de haut niveau, en particulier par un trio principal de chanteurs d’une rare crédibilité dramatique. En premier lieu, saluons la magnifique Tosca d’Ines Salazar, au timbre riche, soyeux, usant d’un legato parfait, malgré de réelles difficultés dans l’extrême aigu : les contre-uts sont difficilement négociés. L’actrice joue dans la tradition avec efficacité, la beauté physique de la cantatrice étant également un atout dans ce rôle. César Fernandez est un honnête Mario, qui ne trouve son accomplissement vocal qu'au troisième acte. Albert Dohmen est plus connu dans le répertoire allemand mais sa voix assez rauque convient bien à la noirceur du personnage de Scarpia. Excellente prestation de Yanni Yannissis mais Enrico Fissore ne peut plus que parler le rôle du Sacristain, ce qui est quand même fort dommage. Ricardo Cassinelli et Lynton Black (récemment entendu à la Monnaie dans "Agrippina") arrivent à bien caractériser leurs personnages secondaires mais essentiels au déroulement de l'oeuvre.
La direction d'Antonio Pappano a soulevé quelque perplexité, en particulier dans le fait de couvrir trop les voix. Il semblerait que cela dépende de l'endroit où l'on est placé car à l'amphithéâtre cet équilibre paraissait bien respecté. La splendeur de l'orchestration puccinienne était bien présente par ailleurs.
Cet opéra sera représenté en tout 20 fois, ce qui est un record pour La Monnaie, la distribution des rôles principaux changeant cependant à partir du 1er septembre: Tosca sera alors représentée en alternance par Nelly Miricioiu et Elena Zelenskaia, Cavaradossi par Franco Farina et Joseph Wolverton, Scarpia par Lucio Gallo (une prise de rôle attendue) et Albert Dohmen.
Christophe Vetter
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