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Présences passéistes Paris Maison de Radio France 02/17/2006 - Abigail Richardson : Scintilla (création)
Richard Dubugnon : Ellébores, opus 28b
Krzysztof Penderecki : Der unterbrochene Gedanke – Quatuor n° 1
Pascal Zavaro : Fiberglass music (nouvelle version, création)
Quatuor Castagneri: Elisabeth Glab, Martial Gauthier (violon), Emmanuel Haratyk (alto), Jean-Luc Bourré (violoncelle) – Richard Dubugnon (contrebasse)
Donné par le Quatuor Castagneri en l’absence de la figure centrale de cette édition, Krzysztof Penderecki, l’avant-dernier concert de Présences 2006 offrait en même temps l’ultime programme de musique de chambre de ce festival: malgré sa très grande brièveté (trois quarts d’heure de musique), il a suscité une belle affluence, mais, une fois de plus, a peiné à proposer un tableau stimulant de la création contemporaine.
Scintilla (2005) de la Canadienne (d’origine britannique) Abigail Richardson (née en 1976) vise, si l’on en croit son propos de présentation, à évoquer les lumières qui jaillissent de l’esprit, fugaces étincelles qui se propagent dans des directions différentes et qui parviennent parfois à se maintenir plus durablement. Point de feu d’artifice, pourtant, mais plutôt une difficulté de voir où mènent ces neuf minutes qui revendiquent leur manque de cohérence («un état incertain pour l’auditeur, qui n’est jamais sûr de la progression musicale») et qui se fondent sur des éléments de langage du début du siècle (passé).
Avec sa contrebasse, Richard Dubugnon se joignait ensuite aux Castagneri pour ses Ellébores (2003), triptyque d’un quart d’heure écrit à l’origine pour orchestre à cordes, plus maîtrisé, mais pas plus révolutionnaire, progressant des demi-teintes très fin de (XIXe) siècle du Poco andante, aussi développé que les deux autres mouvements réunis, vers le motorisme années 1920 de l’Allegro con fuoco final en passant par un récitatif accompagné du premier violon.
En seconde partie, Penderecki était représenté par un poignant in memoriam de trente-six mesures seulement, Der unterbrochene Gedanke (1988), puis par une oeuvre deux fois plus longue (six minutes), le Premier quatuor (1960), partition phare de la période «expérimentale», où une vitalité d’une réjouissante iconoclastie laisse la place à un jeu sur les timbres et les couleurs.
Pour conclure, Pascal Zavaro présentait la «nouvelle version pour quatuor à cordes et CD» de sa Fiberglass music (2001), originellement destinée à deux quatuors: désormais, les membres du quatuor, dûment équipés d’oreillettes, dialoguent avec une trame parallèle qu’il ont préalablement eux-mêmes enregistrée : un «double» dont une sonorisation médiocre ne flatte hélas pas la sonorité. Résolument divertissant et sans prétention, cultivant prudemment le second degré, ce quart d’heure d’un seul tenant mais structuré selon les trois temps traditionnels (vif/lent/vif) s’en tient à un postmodernisme composite, où l’on peut notamment entendre Adams et Reich, assumé avec habileté, séduction et même, dans la partie centrale, poésie.
Le site de Richard Dubugnon
Simon Corley
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