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Pour en finir avec les clichés sur la musique anglaise Paris Radio France 06/09/2000 - Judith Weir : Forest (création française)
William Walton : Concerto pour violon
Michael Tippett : The Midsummer marriage (Danses rituelles)
Edward Elgar : Cockaigne, ouverture de concert, opus 40
Raphaël Oleg (violon)
Orchestre philharmonique de Radio-France, Thomas Dausgaard (direction) Trop souvent dénigrée comme une succession d’effusions fades ou sucrées, la musique anglaise, dans sa diversité, méritait une réévaluation. Il est donc heureux que l’Orchestre philharmonique de Radio-France y ait consacré une série au cours de la saison qui s’achève, car le public parisien aura ainsi pu entendre des compositeurs trop rares comme Finzi, Maxwell Davies, Walton et Tippett, ou même Elgar et Vaughan Williams.
Plus qu’aucun autre, le dernier concert de cette série permettait de tordre le cou à certaines idées reçues. En effet, bien loin des aquarelles timides, chacune des oeuvres programmées exprimait une formidable vitalité, qu’elle fût voilée (Weir, Walton) ou bien solaire (Tippett, Elgar).
Forest, créé en 1995 par Simon Rattle, évoque, avec un programme voisin de celui de Tapiola, certains procédés de composition sibeliens, mais sans la violence tellurique du poème symphonique finlandais. Naissant dans une calme oscillation confiée à cinq cordes solistes (quatre altos et un violoncelle), ce mouvement symphonique d’une douzaine de minutes se développe ensuite par petites cellules qui se renouvellent de proche en proche, tissant une trame continue particulièrement difficile à mettre en place. D’un langage harmonique à peine plus hardi que celui de Britten, le résultat est techniquement adéquat et poétiquement convaincant, même si l’on peut déplorer, ici ou là, quelques tournures triviales.
Conçu pour et avec Heifetz, le Concerto pour violon de Walton est écrit dans la même tonalité que celui d’Elgar (si mineur) et son lyrisme très violonistique n’a rien à lui envier. A l’image d’Elgar dans son ouverture In the South, Walton fait également un clin d’oeil à l’Italie, avec le Presto capriccioso alla napolitana, redoutable deuxième mouvement de son concerto. D’une sonorité fragile, bien en situation dans l’andante tranquillo initial, manquant parfois de puissance face à un orchestre pourtant allégé (trente-neuf cordes), Raphaël Oleg n’en fait pas moins preuve d’un engagement de tous les instants et de qualités techniques incontestables. Les sections chantantes du Vivace final sont particulièrement bien rendues. Le violoniste français est servi par un accompagnement précis et attentif, quoique nettement plus incisif et extraverti.
Le foisonnement de Forest n’est pas sans liens avec le feu d’artifice orchestral qu’offrent les Danses rituelles tirées de l’opéra The Midsummer marriage. Analytique et énergique, Thomas Dausgaard guide efficacement les musiciens dans cet univers dense et expressif. Depuis quand n’a-t-on pas entendu de symphonie de Tippett à Paris ?
Après cet hymne à la nature, la bonne humeur de Cockaigne ne détonne en rien. Le chef danois abandonne toute retenue et laisse s’exprimer avec succès cette partition coruscante à souhait. Une bonne manière, à la fois solennelle et joyeuse, pour un orchestre toujours de grande qualité, de conclure une saison de transition, dans l’attente de Chung.
Simon Corley
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