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Pièges

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/27/2006 -  et 28 janvier 2006 (Toulouse)
Edward Elgar : Concerto pour violoncelle, opus 85
Béla Bartok : Concerto pour orchestre, sz. 116

Jian Wang (violoncelle)
Orchestre philharmonique de Radio France, Neeme Järvi (direction)


Drôle de soirée au Théâtre des Champs-Elysées que ce programme brévissime (soixante-cinq minutes) et composite, réunissant deux œuvres issues de l’ultime période créatrice de compositeurs radicalement différents, concert pour lequel le directeur musical de l’Orchestre philharmonique de Radio France, «retenu en Asie pour des raisons familiales», était remplacé rien moins que par Neeme Järvi et au cours duquel les interprètes, tout en offrant une prestation instrumentale de qualité, n’ont pas évité les pièges posés par ces musiques.


Dans le Concerto pour violoncelle (1919) d’Elgar, le danger est celui d’une romantisation excessive, tournée vers l’univers d’un Tchaïkovski. Dans une approche résolument physique, servie par une technique impressionnante, Jian Wang ne résiste hélas pas à la tentation d’abuser de la corde sensible, même si le second Adagio, plus décanté, renoue avec une expression moins extravertie. L’orchestre, massif, souligne excessivement les effets. Après avoir donné en bis une «chanson chinoise», le violoncelliste gagne la corbeille, d’où il assiste à la seconde partie: une courtoisie qui n’est pas toujours de mise et qu’il est donc agréable de pouvoir signaler.


Partition emblématique de la période américaine de Bartok, le Concerto pour orchestre (1943) est parfois dénigré comme étant trop «hollywoodien». A la tête d’un effectif considérable (près de soixante-dix cordes), Järvi revendique ce caractère, optant pour une lecture résolument straussienne, avec grands élans des violons, tempi élastiques et timbres veloutés. Enchaînant quasiment sans interruption les cinq mouvements, il procède comme s’il présentait une succession de tableaux ou une narration d’épisodes contrastés, choix qui paraît plus approprié dans les interludes qu’offrent les mouvements pairs que dans les trois autres, où le discours s’efface au profit de l’anecdote ou de l’emphase.


Le chef estonien, pourtant chaleureusement salué par les musiciens (et par les spectateurs), ne semble pas se soucier principalement de la précision, tant dans l’équilibre entre pupitres que dans le respect de la lettre de la partition. Pourquoi associer ainsi au crescendo qui ouvre le Finale un gigantesque accelerando? Un tel parti pris est surprenant s’agissant d’un compositeur qui s’est toujours attaché à écrire avec la plus grande exactitude et dont les effets soigneusement calculés n’ont pas besoin d’être systématiquement soulignés. Cela étant, ces dérives n’empêchent pas le Philhar’ de briller, plus particulièrement les bois.



Simon Corley

 

 

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