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Plaidoyer humaniste

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/22/2006 -  
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 7 «Leningrad», opus 60

Orchestre Lamoureux, Yutaka Sado (direction)


2006, c’est aussi le centième anniversaire de Chostakovitch, qui, comme Mahler, aura mis du temps à s’imposer à Paris, notamment dans les associations symphoniques. Mais une indéniable évolution s’est produite: alors que l’Orchestre Pasdeloup se met à Mahler, l’Orchestre Lamoureux a choisi pour sa part de consacrer l’intégralité de son cinquième programme de la saison à la plus longue des symphonies de Chostakovitch.


Même si Yutaka Sado promettait d’être à son aise dans cette spectaculaire fresque orchestrale, on pouvait se demander s’il ne convenait pas de rendre hommage au compositeur par une autre œuvre. En effet, non seulement les hasards du calendrier font qu’on pourra la réentendre dès le 16 février, par Kurt Masur et l’Orchestre national de France, mais cette Septième (Leningrad) (1941) – si sa véritable signification (évocation de la Seconde Guerre mondiale ou de la terreur stalinienne) n’est pas dénuée d’ambiguïté, comme souvent chez Chostakovitch – n’est généralement pas considérée comme la plus aboutie de ses quinze symphonies.


Le chef japonais parvient toutefois à faire oublier ces réticences et à captiver un public pourtant réputé peu aventureux qui, à l’issue de ces quatre-vingts minutes de musique, multipliera les rappels. Et ce ne sont pas quelques décalages et imperfections instrumentales qui suffiront à affaiblir ce plaidoyer profondément humaniste. Tout l’effectif requis est certes présent, avec ses dix cuivres supplémentaires, excluant du même coup les quelques spectateurs traditionnellement admis à assister sur scène au concert, mais Sado n’en rajoute pas dans le côté hollywoodien et a même tendance à modérer son tempérament d’ordinaire si extraverti, voire extravagant.


Et encore, les quelques options originales qu’il retient se justifient parfaitement, à l’image du fameux crescendo de l’Allegretto initial: inhabituellement séduisant dans ses premières variations, après son énoncé col legno, le thème inlassablement répété n’en finit pas moins par s’imposer dans toute sa vulgarité et sa laideur. Le Moderato qui suit, davantage serein qu’ironique, apporte un véritable répit, avant le point culminant de cette interprétation, qui est sans doute aussi celui de la partition: un Adagio plus véhément et lyrique que solennel ou élégiaque, d’une expression à la fois intense et contenue. Remarquablement conduit, le final ne sombre pas non plus dans la grandiloquence tonitruante, couronnant une vision en tous points convaincante, qui conjugue éloquence et simplicité, portant l’ensemble au niveau des plus grandes réussites de Chostakovitch.



Simon Corley

 

 

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