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Le prophète en son pays

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/13/2006 -  et 6 (Ann Arbor), 27 (Luzern) novembre, 3 (Arnhem), 12 (Valencia) et 19 (Cagliari) décembre 2005, 17 janvier (Fort Worth), 3 (Dortmund), 22 (Los Angeles) février, 7 (Buffalo), 15 (New York) mars, 31 mai (Duisburg) et 11 décembre (Sydney) 2006
Robert Schumann : Arabesque, opus 18 – Etudes symphoniques, opus 13
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit – Valses nobles et sentimentales

Jean-Yves Thibaudet (piano)


Si l’on demande au mélomane américain de citer un pianiste français, il y a fort à parier qu’avant même Hélène Grimaud ou bien Pierre-Laurent Aimard, il pensera à Jean-Yves Thibaudet, qui n’est certes pas le premier – il suffit de penser à Robert Casadesus – à démontrer la pertinence de l’adage «nul n’est prophète en son pays», mais dont la carrière internationale n’en demeure pas moins étonnamment peu en rapport avec sa notoriété et ses apparitions dans son propre pays.


En cette année qui sera celle de son quarante-cinquième anniversaire (le 7 septembre prochain), il ne fallait donc pas rater l’étape parisienne d’un périple au cours duquel, depuis l’automne dernier et tout au long de 2006, du Michigan jusqu’à l’Australie, il joue un programme renvoyant aux origines française et allemande dont fait état sa biographie. Deux esthétiques fort différentes se succédaient ainsi de part et d’autre de l’entracte, même si Ravel réalisa pour les Ballets russes une orchestration du Carnaval de Schumann (dont, au demeurant, seules quatre pièces ont été conservées).


Entre précipitation brouillonne et ralentis affectés, l’Arabesque (1839) déçoit, réduite à une sorte de capriccio léger et anodin. Délibérément expressif, l’énoncé du thème prélude à une version exhaustive (trente-quatre minutes) des Etudes symphoniques (1835): Thibaudet a en effet adopté le parti pris d’insérer au fil des neuf variations de l’édition de 1837 les sept variations retirées par Schumann (cinq en 1837 puis deux en 1852). Développant un jeu sobre et souple, privilégiant le liant sur la dureté et obtenant des textures claires et lisses, il se laisse toutefois gagner dans le Finale par la manière raide, bousculée et décousue qui avait précédemment caractérisé son Arabesque.


Méticuleuses et sans aspérités, délicates et fantasques, plus pianistiques qu’orchestrales, les Valses nobles et sentimentales (1911) deviennent sous ses doigts autant de miniatures exquises, ni sérieuses, ni ironiques, fidèles en ce sens à la fameuse formule d’Henri de Régnier que Ravel plaça en tête de la partition: «... le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile». Apollinien et hédoniste, chatoyant et subtil, Gaspard de la nuit (1908) conclut sur un festival de couleurs et de sonorités: ce sont ici autant de descriptions, de Tableaux d’une expositionLe Gibet répondrait aux Catacombes et Scarbo à Gnomus. Rien de figé pour autant, car les deux mouvements extrêmes sont abordés à une vitesse telle que l’articulation voire la précision s’en trouvent parfois entravées. Au centre, Le Gibet traduit un formidable travail sur le tintement en écho de la cloche évoquée par le poème d’Aloysius Bertrand.


S’il surprend en présentant son premier bis – un Prélude pathétique (1923) de Shura Cherkassky, perdu quelque part entre Tchaïkovski et Rachmaninov – Thibaudet enchaîne plus classiquement sur Chopin, un compositeur admiré tant de Schumann que de Ravel (réclamé avec force par certains spectateurs): il aborde le Deuxième puis le Premier des trois Nocturnes de l’opus 9 (1831) avec un minimum d’effusions et de pathos, de façon simple et allante, presque comme s’il s’agissait de simples romances.


La page de Jean-Yves Thibaudet sur le site de Decca classics



Simon Corley

 

 

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