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Une vie en musique

Paris
Vincennes (Auditorium du Cœur de ville)
01/11/2006 -  
Ervin Schulhoff : Sextuor à cordes (+)
Max Bruch : Kol Nidrei, opus 47 (*)
Krystof Maratka : Mouvements concertants (*)
Antonin Dvorak : Sextuor à cordes, B. 80 (+)

Odile Auboin (+) (alto), Jiri Barta (+ *), François Salque (+) (violoncelle) – Ensemble Calliopée: Saskia Lethiec (+), Maud Lovett (+) (violon), Karine Lethiec (+) (alto)
Ensemble instrumental: solistes, membres de l’Ensemble Calliopée, Pascale Jaupart (violoncelle), Dominique Desjardins (contrebasse) et élèves de l’Ecole nationale de musique de L’Haÿ-les-Roses, Krystof Maratka (direction)


Nul besoin d’anniversaire pour rendre hommage au grand Karel Ancerl (1908-1973): la remise à Supraphon d’un prix spécial de l’Académie Charles Cros (1) pour l’édition discographique «Gold» consacrée à celui qui contribua, durant dix-huit ans, à la renommée de la Philharmonie tchèque y suffit, marquant en même temps la fin du festival «Culture tchèque des années 1960» lancé par le Centre tchèque au printemps 2005. Pour ce faire, l’infatigable équipe de la rue Bonaparte s’était entourée de soutiens fidèles, à savoir quelques membres de l’Ensemble Calliopée, et avait choisi Vincennes pour mettre en place une soirée en trois temps, en collaboration avec l’association Prima la musica!, qui organise la saison musicale de l’Auditorium du Coeur de ville: un colloque, un concert puis le vernissage de l’exposition de photos de Jiri Vsetecka «Prague musicale», déjà présentée l’été dernier dans le cadre du Festival de Prades.


Concevoir un programme à dominante chambriste pour honorer la mémoire d’un chef d’orchestre n’était pas évident, mais le choix des oeuvres n’en est pas moins habilement parvenu à faire référence à différentes étapes de la vie et de la carrière d’Ancerl. Survivant de Terezin et d’Auschwitz, il échappa ainsi miraculeusement au sort qui fut par exemple celui d’Ervin Schulhoff, assassiné en 1942 au camp de Wülzburg. Quoique bien antérieur, son Sextuor (1924) n’en possède que plus d’impact à la lumière d’un tel contexte. Malgré une acoustique peu favorable aux passages où l’écriture se fait dense, la formation rassemblée pour l’occasion – trois invités de marque (Odile Auboin, François Salque et Jiri Barta) joints à la directrice artistique de Calliopée, l’altiste Karine Lethiec, et à deux de ses musiciennes (sa soeur Saskia ainsi que Maud Lovett) – rend justice aux textures rugueuses des mouvements impairs et à l’intensité évocatrice des mouvements pairs.


Kol Nidrei (1881) de Bruch renvoyait également aux origines juives d’Ancerl et, partant, à son destin tragique durant la Seconde Guerre mondiale. Dans un arrangement où l’accompagnement est réduit à quatorze cordes comprenant entre autres des élèves de l’Ecole nationale de musique de L’Haÿ-les-Roses et dirigées par Krystof Maratka, Jiri Barta, s’il fait valoir une magnifique sonorité, se révèle hélas parfois approximatif et extérieur. Après l’entracte, les Mouvements concertants (1995) de Maratka permettaient de rappeler qu’Ancerl s’attacha toujours à défendre les compositeurs de son temps, qu’ils fussent tchèques (Martinu, Hanus, Kabelac, Krejci, …) ou non (Stravinsky, Chostakovitch, …). Malgré le souci manifeste de refuser l’appellation traditionnelle, ces trois pages tiennent du concerto, certes bref (douze minutes) et de structure atypique, en tout cas superbement défendu par Jiri Barta: premier mouvement tour à tour capricieux et lyrique, deuxième vindicatif et virtuose, troisième apaisé.


Il convenait enfin de saluer en Ancerl l’interprète d’élection de la musique de son pays. Les solistes réunis en première partie pour Schulhoff concluaient donc avec un autre Sextuor sortant des sentiers battus, celui de Dvorak (1878), qui connut également à la fin de sa vie la consécration en Amérique du Nord, même si ce ne fut pas, à la différence d’Ancerl, une conséquence de l’exil. Cette partition mêlant terroir (dumka, furiant) et formes savantes, restée dans l’ombre des sextuors de Brahms ou de Tchaïkovski, bénéficie ici d’un indéniable engagement, mais aurait toutefois gagné à davantage de chaleur et de rondeur.


En bis, Maratka réunit tous les musiciens sur scène pour conduire l’une de ses irrésistibles adaptations de czardas.


(1) Son président, Alain Fantapié, devait notamment rappeler que l’académie avait couronné en son temps des enregistrements d’Ancerl devenus légendaires: dès 1960 la Sixième symphonie de Martinu puis la Messe glagolitique de Janacek en 1964.


Un site très complet consacré à Karel Ancerl



Simon Corley

 

 

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