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La clarinette enchantée

Paris
Auditorium du Louvre
01/04/2006 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Divertimenti, K. 439b n° 2 et n° 3 – Adagios, K. 440d [410], 440a [411] et 580a – Arrangements d’extraits d’opéras – Notturni, K. 439a [346] et 436 à 439 – Canzonetta, K. 549

Hye-Youn Lee (soprano), Diana Axentii (mezzo), Bartlomiej Misiuda (baryton)
Membres de l’ensemble Zefiro: Lorenzo Coppola, Daniel Latini, Tindaro Capuano, François Gillardot et Danilo Zauli (clarinette, cor de basset)


L’Auditorium du Louvre donne le coup d’envoi d’une année au cours de laquelle il sera plus que jamais difficile d’échapper à Mozart, mais les huit concerts du cycle qu’il propose jusqu’au 14 juin, s’ils ne se refusent pas de célèbres pièces de musique de chambre ou de piano, permettront en même temps de découvrir des pans relativement négligés de sa production, à l’image de ce programme présenté par cinq membres de l’ensemble Zefiro, rejoints en fin de soirée par trois chanteurs actuellement formés à l’Atelier Lyrique de l’Opéra national de Paris.


La clarinette, associée aussi bien à l’intimité qu’à l’amitié ou la fraternité, possède incontestablement un statut particulier chez Mozart: avec des interprètes aussi proches que le furent Gottfried von Jacquin ou Anton Stadler, elle lui a inspiré des musiques qui ne sont jamais indifférentes. Ainsi des cinq Divertimenti (vers 1785) pour trois cors de basset, dont le Deuxième et le Troisième étaient donnés au début de chacune des deux parties du concert: d’une manière reconnaissable entre toutes, ils vont en effet bien au-delà du style galant que pourrait laisser supposer leur titre. La finesse et la suavité des musiciens de l’ensemble italien se fondent de beaux instruments d’époque, dont la ductilité tient certes de la clarinette mais dont les timbres suggèrent parfois le cor anglais ou même le saxophone alto, et dont la facture peu ordinaire comprend aussi bien corps coudés (façon oboe da caccia) que pavillon piriforme (façon oboe d’amore).


Le velouté et le fondu de la sonorité des membres de Zefiro, malgré des tempi plutôt allants, bénéficiaient également à trois Adagios, plus encore au cœur de la spiritualité mozartienne: jeux d’écriture du bref K. 410 pour trois cors de basset, recueillement du K. 411, auquel s’ajoutent deux clarinettes, sans doute destinés tous deux à des cérémonies maçonniques (1785); plus connu, avec ses premières notes qui semblent annoncer l’Ave verum corpus, le K. 580a (1789) pour cor anglais, deux violons et violoncelle était ici adapté pour clarinette et trois cors de basset: idée tout à fait pertinente pour ce bijou apparenté au Quintette avec clarinette, exactement contemporain.


Cinq transcriptions (condensées) d’extraits d’opéras pour trois cors de basset – deux airs des Noces de Figaro (1786), un de Don Giovanni (1787), une marche et un air de La Flûte enchantée (1791) – apportent une détente certaine, mais (nécessairement?) moins convaincante, d’autant que le cor de basset révèle parfois certaines faiblesses dans le registre aigu.


C’est l’atmosphère amicale et détendue du Trio des quilles que l’on retrouve dans cinq Notturni et une Canzonetta (vers 1786) pour double trio vocal (deux sopranos et basse) et instrumental (cors de basset ou, pour deux d’entre eux, deux clarinettes et cor de basset). Si cette combinaison évoque le Trio des masques de Don Giovanni, l’esprit relève bien plus de Watteau, et l’escarpolette prélude à un probable embarquement pour Cythère. Avec ces courtes pages (deux minutes chacune) paisibles et langoureuses, ce sont également les Péchés de ma vieillesse de Rossini qui viennent à l’esprit, peut-être également en raison de leurs textes en italien. Toujours est-il que les voix des trois jeunes chanteurs de l’Atelier lyrique fusionnent idéalement pour se mêler en même temps avec une parfaite aisance aux couleurs des solistes de Zefiro.


Le public, qui avait entièrement garni les rangs de l’auditorium, obtient sans peine deux bis: une adaptation pour trois cors de basset de l’Adagio tiré de l’un des cent-vingt six trios – en l’espèce, le Soixante-sixième (1768) – que Haydn laissa pour un autre instrument rare, le baryton (héritier de la viole de gambe), accompagné d’un alto et d’un violoncelle, puis la reprise de la canzonetta Più non si trovano.


Le site de l’ensemble Zefiro



Simon Corley

 

 

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