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La voix du c(h)œur

Paris
Théâtre du Châtelet
12/19/2005 -  et 11 (Luçon), 13 (Mérignac), 14 (Rodez), 16 et 17 (Lyon) décembre 2005, 5 février 2006 (Stockholm)
Jaako Mäntyjärvi : Pseudojojk
David Wikander : Kung Liljekonvalje
Hugo Alfvén : Och jungfrun hon gar i ringen – Som stjärman uppa himmelen – Limu, limu, lima
Nils Lindberg : Allt under himmelens fäste – As you are
Samuel Barber : Agnus Dei
Heinz Werner Zimmerman : Ehre sei Gott in der Höhe
Negro-spirituals : My God is so high – Great day – Down by the riverside – I couldn’t hear nobody pray – There’s a man going round – Didn’t my Lord deliver Daniel (arrangements Moses Hogen) – Nobody knows – Were you there (arrangements Hendricks/Sjökvist) – Too late, sinnuh (arrangement Eugene Simpson) – Ain’t got time to die – Hold on! (arrangements Hall Johnson) – Sometimes I feel like a motherless child

Barbara Hendricks (soprano), Chœur de chambre Gustav Sjökvist, Gustav Sjökvist (direction)


Barbara Hendricks et le chœur de chambre Gustav Sjökvist achevaient au Châtelet une tournée française au cours de laquelle ils auront présenté un spectacle en deux temps, de part et d’autre de l’entracte, composé d’airs suédois puis de negro-spirituals: manière, pour la cantatrice suédoise, de saluer sa patrie d’élection mais aussi, pour cette native de l’Arkansas, de ne pas oublier ses racines, tout en rappelant – et c’est ici l’ancienne ambassadrice du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés qui transparaît, toujours aussi engagée, comme en témoigne le soutien à la campagne d’Amnesty international contre la violence faite aux femmes qu’elle fait figurer au dos du programme – que «l’art n’a pas de frontière, il est universel et fait partie de l’héritage de l’humanité».


La première partie, essentiellement consacrée à des harmonisations savantes de chansons populaires, aura peut-être laissé les admirateurs de la diva sur leur faim. Les vingt et un choristes occupent d’abord seuls la scène, pour trois arrangements s’inscrivant dans la tradition romantique (Wikander), évoquant Bartok (Mäntyjärvi) ou recherchant une plus grande fidélité à l’original (Alfvén). Trois petits tours et puis s’en va: Hendricks se joint aux chanteurs suédois pour de brèves et délicates mélodies (deux d’Alfvén et une de Nils Lindberg), rappelant par leur simplicité non moins expressive la Chanson de Solveig de Grieg.


Départ de Suède pour une transition vers le climat religieux de la seconde partie, avec l’Agnus Dei (1967) que Barber adapta lui-même de son célèbre Adagio pour cordes (1936). Outre un tempo un peu trop allant, la déception vient de sopranos au timbre acide et à la justesse contestable ainsi que d’une cohésion parfois prise en défaut: le chœur de chambre suédois, dirigé par Gustav Sjökvist depuis sa fondation en 1994, ne peut pas prétendre à la perfection atteinte par des ensembles comparables, tels le RIAS-Kammerchor ou Accentus.


Pièce la plus développée (dix-sept minutes) de ce concert, mais aussi la plus substantielle tant par ses harmonies que par son contrepoint, Ehre sei Gott in der Höhe (1964) de Heinz Werner Zimmerman (né en 1930) consiste en six variations (dont une puissante passacaille finale) sur un thème de Distler. Hendricks, à laquelle la partition ménage quelques soli, se montre modérément à l’aise avec la langue allemande, mais le moment était on peut plus opportun pour découvrir cette musique recueillie, liée au temps de Noël.


En seconde partie, les artistes chantent par cœur et de maigres volutes de fumée s’ajoutent à la «mise en lumière» d’Ulf Englund, faisceaux lumineux projetés sur un panneau blanc occupant tout l’arrière du plateau. Douze negro-spirituals font alterner pages lyriques et rythmées, confiées tour à tour au chœur, à la soliste et, le plus souvent, aux deux réunis, avec en milieu de parcours une page purement chorale (et confortablement jazzy) de Lindberg (As you are). Malgré une voix dont l’homogénéité s’est quelque peu perdue, qui s’est alourdie et qui recourt fréquemment au vibrato, même si son timbre demeure pleinement reconnaissable, Barbara Hendricks est trop musicienne pour abandonner un style de chant «classique» et pour se laisser tenter par la moindre facilité interprétative: non seulement elle affronte crânement les difficultés dans un a cappella poignant (Sometimes I feel like a motherless child), mais elle s’impose par sa sobriété, plus en finesse qu’en exubérance.


Le public est donc ravi et obtient trois bis: Give me Jesus et, à nouveau a cappella, Oh freedom, puis la reprise de Didn’t my Lord deliver Daniel.


Le site de Barbara Hendricks

Le site du Chœur de chambre Gustav Sjökvist



Simon Corley

 

 

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