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Amoureux de Pills et Tabet Paris La Péniche Opéra 12/02/2005 - et 8*, 9, 15, 16, 17 et 18 décembre 2005 Yves Coudray (ténor), Lionel Peintre (baryton) et Vincent Leterme (piano) interprètent les grands succès de Pills et Tabet
L’arrivée des fêtes de fin d’année invite au divertissement et à la légèreté. La Péniche Opéra, sans renoncer à l’originalité et à la qualité que l’on apprécie toujours dans ses productions, ne déroge pas à la règle. Sous le titre «Amoureux d’une femme nue», elle rend hommage au duo formé à partir de 1931 par René Ducos, alias Jacques Pills (1906-1970), et Georges Tabet (1905-1984), ces «fantaisistes des années entre» (sic) dont la carrière fut interrompue par la Seconde Guerre mondiale, après avoir créé des succès comme Couchés dans le foin ou chanté dans des opérettes telle que Toi c’est moi, actuellement reprise par la compagnie Les Brigands à l’Athénée.
Autour d’une table, éventuellement agrémentée d’un verre ou d’une assiette sélectionnée dans la «formule dînatoire» proposée avant ou après le spectacle, le cadre intime de la Péniche Adélaïde est idéal pour ne pas perdre une miette de textes et de musiques dont la prétention n’est certes que divertissante, mais dont la sensibilité n’est pas moins grande. Mireille Larroche, la «patronne» du lieu va même jusqu’à évoquer un héritage de la mélodie française allant de Janequin à Ravel: c’est peut-être placer inutilement nos duettistes sous la protection écrasante de parrains aussi prestigieux, d’autant que ce répertoire, leste ou égrillard sans verser pour autant dans la vulgarité, n’a pas besoin de telles cautions d’honorabilité.
C’est sans doute l’opinion d’un public nombreux – y compris, en ce jeudi soir, la famille de Tabet – et réservant un excellent accueil au trio réuni pour l’occasion. Car Yves Coudray, ténor de charme qui vocalise suavement et langoureusement dans l’aigu comme on le faisait au temps de la TSF, et Lionel Peintre, baryton dont les mimiques contrites ne sont pas sans rappeler Philippe Khorsand, sont accompagnés par Vincent Leterme, sorte de Duchâble mâtiné de Jean-Paul Rouve, pianiste particulièrement interventionniste (chanteur, comédien, mime) et peu avare en citations (Carmen, Shéhérazade), probablement en tout cas le seul du circuit à jouer les jambes croisées sur son tabouret.
Les dix-huit numéros de ce tour de chant de soixante-quinze minutes, qui se conclut par la chanson-titre Amoureux d’une femme nue, font l’objet d’un dispositif simple mais nullement minimaliste. Dans une ambiance détendue – les crises de fou rire ne sont pas rares – quelques pas de danse, quelques mouvements qu’autorise l’exiguïté de la scène et quelques jeux de lumières ne distraient pas l’attention de l’essentiel: mélodies et rythmes indéniablement issus des années 1930, où l’influence des Amériques, du nord comme du sud, est largement perceptible; paroles à l’humour moins nonsense que celui, à la même époque, des Collégiens, et que Coudray et Peintre évitent donc de surjouer, laissant le soin à Leterme d’apporter une note plus décalée.
Le site de la Péniche Opéra
Simon Corley
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