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Des animaux et des hommes Geneva Grand Théâtre 11/09/2005 - et les 11, 13, 15*, 17 et 19 novembre 2005
Leos Janacek: La Petite Renarde rusée
Martina Jankova (La Renarde), Ulrike Helzel (Le Renard), Alexandre Vassiliev (Le Forestier), Elizabeth Sikora (La Femme du Forestier), Stuart Kale (L'Instituteur), Bernard Deletré (Le Prêtre), Jonathan Veira (Harasta), Laurence Misonne (La Poule)
Choeur du Grand Théâtre de Genève (direction Ching-Lien Wu), Maîtrise du Conservatoire Populaire de Musique de Genève (direction Magali Dami), Orchestre de la Suisse Romande, direction musicale: Guido Johannes Rumstadt. Mise en scène: Daniel Slater. Décors et costumes: Robert Innes Hopkins. Lumières: Simon Mills
Poursuivant son cycle Janacek, le Grand Théâtre de Genève présente cette saison La Petite Renarde rusée, dans une production qui a fait les beaux soirs du Festival de Bregenz et de l’Opéra de San Francisco en 2003. Daniel Slater et Robert Innes Hopkins ont débarrassé le chef d’œuvre du compositeur tchèque de tout kitsch naturaliste (on ne voit par exemple pas de forêt sur le plateau) pour en donner une version chargée de symboles et terriblement envoûtante. L’anecdote a fait le tour du monde: les deux artistes auraient commencé à échanger leurs idées autour d’un verre dans un café. Un voisin attablé juste à côté d’eux les aurait entendus et leur aurait dit qu’il connaissait l’ouvrage, dans lequel les humains se transformeraient en animaux. C’est cette affirmation – erronée! – qui sert de fil rouge au spectacle, dès le lever de rideau, où la renarde est en fait une jeune fille qui se laisser courtiser par le forestier. Et au fil des scènes, on se rend compte que le monde des hommes et celui des animaux ne font qu’un, les différences étant subtilement gommées. Les animaux se comportent comme des humains, et l’identification de chaque espèce ne saute pas forcément aux yeux. Robert Innes Hopkins a conçu un décor unique qui ne fait que renforcer cette impression. Ce dernier se compose de plusieurs éléments juxtaposés, en forme de voûtes, qui se meuvent en permanence et qui donnent de la profondeur au plateau. La fin du spectacle, lorsque le forestier se déplace jusqu’au fond de la scène, est particulièrement prenante.
Le Grand Théâtre a réuni une distribution homogène, qui fait honneur à cette production originale et intelligente. Tous les solistes mériteraient d’être cités, mais on retiendra surtout la belle performance de Martina Jankova, renarde espiègle. Dans la fosse, l’Orchestre de la Suisse Romande rend avec brio la richesse des couleurs de l’orchestration de Janacek, même si le chef ne parvient pas toujours à éviter les imprécisions et les décalages.
Claudio Poloni
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