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La Veuve de Chaillot

Paris
Opéra comique
10/13/2005 -  et 14, 15, 16, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 29 et 30 octobre, 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 16*, 17, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 29 et 30 novembre, 1er, 2, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30 et 31 décembre 2005, 1er, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 14 et 15 janvier 2005
Franz Lehar : La Veuve joyeuse

Sophie Marin-Degor/Anne-Marguerite Werster*/Marie-Stéphane Bernard (Missia Palmieri), Sophie Haudebourg/Patricia Samuel*/Hélène Guilmette (Nadia), Ivan Ludlow*/Boris Grappe/Sergeï Stilmachenko (Le prince Danilo), Marc Laho/Martial Defontaine/Pierre Espiaut* (Camille de Coutançon), Patrick Rocca*/Jean-François Vinciguerra (Popoff), Eric Laugérias (Figg), Olivier Podesta (d’Estillac), Frédéric Longbois*/Michel Dussarrat (Lérida), Olivier Peyrebrune (Kromski), Guy Vivès (Bogdanovitch), Frédéric Strouck (Pristchitch), Michel Tellechea (Le gérant de chez Maxim’s), Susan Miller (Olga Kromska), Isabelle Renard (Sylviane Bogdanovitch), Marie-France Goudé-Ducloz (Prascovia Pristchitch)
Olivier Podesta (chef de chœur), Gérard Daguerre (direction musicale et orchestration)
Jérôme Savary (mise en scène, adaptation), Ezio Toffolutti (décors), Michel Dussarrat (costumes), Alain Poisson (lumières), Nadège Maruta (chorégraphie)


Pour son avant-dernière saison à la tête de l’Opéra comique, qui a acquis le statut de «théâtre national», son directeur, Jérôme Savary, peut, après une année au cours de laquelle les travaux avaient considérablement restreint la programmation, proposer à nouveau dans ce lieu un «théâtre musical populaire consacré à la création et à l’insolence ainsi qu’à la célébration de son incroyable passé». En témoigne une diversité tant chronologique (du Télémaque d’Alessandro Scarlatti à une création, Demain la belle… de Bernard Thomas) qu’esthétique (du Barbier de Séville de Rossini aux Trois valses d’Oscar Straus). L’incontournable anniversaire du grand Salzbourgeois ne sera pas oublié, avec un spectacle Quoi de neuf, Monsieur Mozart? présenté par la Péniche Opéra, tandis que l’Orchestre OstinatO donnera trois concerts respectivement dédiés à Lehar, Boïeldieu et Offenbach.


Mais la tradition, alliée à la légitime nécessité d’équilibrer les comptes de l’institution, conserve ses droits pour la période des fêtes, avec La Veuve joyeuse (1905) de Lehar, réalisée en coproduction avec l’Opéra royal de Wallonie et l’Opéra de Lausanne. L’alerte centenaire est ici passée au filtre d’une triple adaptation: celle de Gaston de Caillavet et Robert de Flers pour la création parisienne en 1909, elle-même remise au goût du jour (et lestée de calembours de circonstance) par Jérôme Savary, tandis que son complice Gérard Daguerre a réduit la partition pour une formation de vingt-deux musiciens qu’il dirige lui-même du piano.


Savary ne s’en cache pas: «Pour moi, La Veuve joyeuse c’est d’abord quelque chose d’hollywoodien». Et l’on peut faire confiance en la matière au fondateur du Grand magic circus, qui, tout en s’autocaricaturant en «président à vie» de Marsovie dont le portrait (façon dictateur à la Chaplin) veille d’un oeil mauvais sur le premier acte, a une fois de plus reconstitué son univers familier, traduisant un certain esprit de la fête: costumes rutilants de Michel Dussarrat, décors pharaoniques d’Ezio Toffolutti (avec hélicoptère grandeur nature), champagne (sur scène et, comme d’habitude, pour les spectateurs attablés au premier rang du parterre), danseurs, acrobates et cancan mis en mouvement par Nadège Maruta (avec le toujours fascinant contorsionniste Marco Oranje), joyeux pot-pourri de références culturelles (du cubisme à la main géante de César, en passant par le canapé Dali ou Madame de Fontenay) et éternel retour à Chaillot (sa folle, sa Tour Eiffel, son kiosque à barbe à papa et sa cinémathèque, cadre du deuxième acte). Une Veuve plus parisienne que nature, ce qu’encourage évidemment le livret de Victor Leon et Leo Stein, inspiré d’une pièce d’Henri Meilhac, dont l’action se déroule dans la capitale.


Mais, ainsi que Savary l’ajoute lui-même, «cette musique est plus complexe qu’il n’y paraît, faite de douceur, de tendresse, de mélancolie aussi, et de joie qui éclate». Dommage, dès lors, qu’il ne mette que rarement en valeur ces moments de poésie, d’autant qu’il sait admirablement le faire, comme dans la chanson de Danilo, à la fin du deuxième acte, illustrée avec beaucoup d’à-propos par deux petites marionnettes que manipule Eric Laugérias, qui est par ailleurs un remarquable Figg tout-terrain.


Dans ces conditions, le sentiment prévaut que l’aspect musical est relégué au second plan. L’adaptation de Daguerre fait dans le flonflon et tend à couvrir une troupe d’acteurs (dont le fidèle Patrick Rocca) et de chanteurs qui donnent cependant l’impression de se divertir autant que le public. La nécessité d’assurer plus de quatre-vingts représentations d’ici le 15 janvier conduit à tripler les quatre rôles principaux, la distribution jouant ainsi de combinaisons quasiment illimitées de leurs détenteurs respectifs. En ce 16 novembre, on aura ainsi pu entendre, trop souvent hélas avec l’aide des surtitres, la Veuve d’Anne-Marguerite Werster, d’une incertaine distinction avec cet accent américain qu’elle oublie parfois de feindre, le Danilo puissant, parfois même pâteux, d’Ivan Ludlow et le Coutançon de Pierre Espiaut, véritable – et sans la moindre connotation péjorative – ténor d’opérette. Mais la grande triomphatrice fut assurément Patricia Samuel, incarnant une Nadia corsée, extravagante et quasi hystérique.


Le site de l’Opéra comique



Simon Corley

 

 

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