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Svetlanov, ou l’émotion du vrai Paris Théâtre des Champs-Elysées 05/29/2000 - Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour violon et alto, K. 364
Franz Schubert : Symphonie n° 9, D. 944
Luc Héry (violon), Nicolas Bône (alto)
Orchestre national de France, Evgueny Svetlanov (direction)
Veste blanche, mains nues, le chef russe a fait salle comble, à nouveau, pour sa seconde prestation à la tête de l’Orchestre national, après une Septième qui restera comme l’un des grands moments du " cycle Mahler " proposé cette année par Radio-France.
Oeuvre chère au coeur de tout mozartien, la Symphonie concertante pour violon et alto exprime, sous sa direction, un classicisme serein et une lumineuse limpidité. Jamais pesant, malgré un effectif de quarante-huit cordes, Svetlanov ne laisse aucun détail au hasard (exemple parmi tant d’autres, l’équilibre miraculeux du dernier accord de l’andantino). Si l’interprétation n’offre aucune concession au pathos ou à la trépidation, elle respire à chaque instant une authentique musicalité. Les solistes, issus des rangs de l’Orchestre national, s’inscrivent avec sobriété dans cette conception d’ensemble, qui tourne le dos à la démonstration virtuose pour donner tout son sens à cette forme si particulière de la symphonie concertante.
Toujours apollinienne et transparente, malgré des pupitres de bois doublés, ne s’autorisant aucun autre débordement que de majestueux ralentis finaux, l’approche reste identique dans la " grande " symphonie de Schubert. Obtenant une fluidité parfaite des musiciens, Svetlanov rend ainsi justice au sens de la continuité qui fait la spécificité du discours schubertien. S’il prend donc son temps (une heure, avec les seules reprises du scherzo), il n’en renonce pas pour autant à une grande netteté (les rythmes pointés de l’andante con moto) et à une superbe maîtrise de la dynamique. Même si l’on a sans doute connu des versions plus " viennoises ", lyriques ou tourmentées, ce que l’on entend est dépourvu de tout simulacre. Vrai, en un mot. Et de cette vérité naît l’émotion.
Simon Corley
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