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Heureuse reprise

Strasbourg
Opéra National du Rhin
10/21/2005 -  et 23, 25, 27 octobre, 4, 6 novembre à Mulhouse, 11, 13 novembre à Colmar
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Eugène Onéguine
Evgueniy Alexiev (Eugène Onéguine), Nataliya Kovalova (Tatiana), Andrej Dunaev (Lenski), Karine Motyka (Olga), Leonard Pezzino (Monsieur Triquet), Doris Lamprecht (Madame Larina), Dmitri Ulyanov (Prince Grémine), Zlatomira Nikolova (La nourrice), Chœur de l’Opéra National du Rhin, Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Kirill Karabits (direction), Marco Arturo Marelli (mise en scène, scénographie et conception des éclairages), Bettina Walter (costumes).


Alors que les notes de l’ouverture s’échappent de la fosse, trois personnages sont sur scène : Tatiana au bras du Prince Grémine, son mari et Onéguine. Le metteur en scène débute l’œuvre par le bal qui se déroule au retour d’Onéguine, après la mort de Lensky. L’une des ultimes scènes. Celle où Eugène réalise son amour pour Tatiana, qu’il a rejetée quelques années plus tôt. De ce moment charnière naît la conception de Marco Arturo Marelli, pour qui tout ce qui précède dans l’opéra est un souvenir du héros éponyme. Onéguine hantera donc de sa présence fiévreuse l’avant scène pendant que se déroule l’action qu’il revit dans une sorte de délire. Une optique qui imprime dès les premières notes une tension dramatique allant crescendo, naturellement. Sans alourdir le propos toutefois car l’allusion est discrète, allégée aussi par des décors d’une grande et belle sobriété. Une pièce blanche encadré de deux hautes portes et au fond un banc posé sur une colline couleur des blés. Et un ciel peint, azur clairsemé de nuages diaphanes. Un dispositif qui permet de multiples variations de lumières, merveilleusement réussies d’ailleurs. Car cette production donne à voir, et sa dimension picturale, par le décor, les lumières et les costumes est extrêmement importante, précieuse.


Côté musique, on est plutôt gâté, avec une distribution qui a le physique et la langue des rôles. Minceur, barbe et cheveux longs romantiques, l’Onéguine d’Evgueniy Alexiev sait passer de l’ironie désabusée à la passion dévorante. Le timbre est plaisant, la voix puissante, mais on regrettera la raideur de l’émission, vraiment dommageable dans les belles phrases lyriques de Tchaikovski. Lenski possède en revanche toutes les qualités vocales requises par son rôle et Andrej Dunaev se révèle un très bon acteur sensible et convaincant. L’Olga de Karine Motyka est bien jouée mais moyennement chantée, la voix se révélant assez courte et manquant de coloris dans les différents registres. Elle paraît d’autant plus pâle comparée à la magnifique Tatiana de Nataliya Kovalova, véritable révélation de cette production. Timbre très singulier et somptueux, rond à souhait, projection puissante et maîtrisée, grand style, la jeune chanteuse russe emporte l’adhésion totale. Malgré sa petite taille, elle sait donner de la présence et de la noblesse à son personnage, nous rendre touchante cette fragilité blessée mais fière, cette passion bouillonnante à laquelle elle s’abandonne avant de la réprimer. Il faut retenir ce nom car on le verra sûrement dans d’autres distributions. Côté orchestre, le jeune chef Kirill Karabits privilégie la finesse et la discrétion aux débordements romantiques. Cela préserve Tchaïkovski des dégoulinades trop souvent entendues, mais cela manque un peu de corps et parfois d’intensité d’autant que cette approche chambriste met à nu la faiblesse de certains pupitres (violoncelles, cuivre). Malgré cela, c’est le plaisir et l’émotion qui demeurent à la fin du spectacle et on salue l’heureuse idée de reprendre cet Eugène Onéguine, production inaugurée ici il y a deux ans.





Katia Choquer

 

 

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