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A mi-chemin

Paris
Théâtre du Châtelet
10/21/2005 -  et 27, 30 octobre, 5 novembre 2005, 1er, 10 avril 2006
Richard Wagner: Die Walküre

Peter Seiffert/Placido Domingo (Siegmund), Stephen Milling (Hunding), Jukka Rasilainen (Wotan), Petra-Maria Schnitzer (Sieglinde), Linda Watson/Olga Sergeyeva (Brünnhilde), Mihoko Fujimura (Fricka), Helmwige (Jennifer Wilson), Annalena Persson (Ortlinde), Eszter Sümegi (Gerhilde), Priti Gandhi (Waltraute), Marie Lenormand (Siegrune), Deanne Meek (Rossweise), Daniela Denschlag (Grimgerde), Annette Jahns (Schwertleite)
Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)
Robert Wilson (mise en scène et scénographie), Frida Parmeggiani (costumes), Kenneth L. Schutz (lumières)


Le Ring suit son cours au Châtelet, avec La Walkyrie (1856), dont la production s’inscrit bien évidemment dans la continuité de celle de L’Or du Rhin, présentée deux jours plus tôt (voir ici).


C’est le cas, au premier chef, de conception de Robert Wilson, toujours aussi lente dans sa direction d’acteurs et épurée dans sa scénographie, même si aucun élément essentiel n’est éludé, du frêne au glaive en passant par le bouclier et la lance. Au premier acte, hauts murs et fenêtres élancées évoquent quelque palais, tandis que les deux autres actes se déroulent dans une sorte de no man’s land légèrement incliné vers l’avant, au sol noir et craquelé, dont les aspérités capturent, comme un tableau de Soulages, les lumières savamment réglées par Kenneth Schutz. Les costumes de Frida Parmeggiani continuent d’évoquer avec sobriété l’apparat nippon davantage que les légendes nordiques.


Une partie du public conteste le travail de l’Américain, venu saluer avec son équipe, y compris l’un de ses «collaborateurs à la mise en scène», Giuseppe Frigeni. Il est vrai que quand le dépouillement laisse – rarement – la place à des trouvailles plus spectaculaires, celles-ci semblent tantôt intéressantes – Wotan, comme s’il était déjà le voyageur que l’on verra dans Siegfried, traverse la scène pendant le prélude du premier acte – tantôt de nature à faire sourire: les quatre maigres foyers qu’il déclenche pour figurer les flammes qui encerclent le rocher donnent ainsi la fâcheuse impression que c’est un bûcher qui a été dressé pour la malheureuse Brünnhilde.


C’est le premier acte qui s’avère vocalement le plus satisfaisant. Malgré un timbre manquant d’homogénéité, Peter Seiffert, auquel succèdera Placido Domingo pour les deux derniers cycles en avril prochain, n’en possède pas moins les qualités requises par son personnage, campant un Siegmund plus sérieux que spontané. On peut certes aussi imaginer des Sieglinde plus sensuelles et passionnées que Petra-Maria Schnitzer, sans doute bridée par la mise en scène, mais la soprano autrichienne fait preuve d’une grande aisance. A ce duo vedette de Bayreuth, par ailleurs mari et femme à la ville, se joint l’excellent Stephen Milling: le Danois s’impose par une voix somptueuse et souple, une clarté d’émission et une puissance remarquables, une facilité sur toute la tessiture, l’ensemble formant un Hunding presque trop raffiné.


Avec le retour de Wotan – heureusement accompagné de la Fricka de Mihoko Fujimura, qui réitère, avec une belle palette de nuances, son impressionnante prestation de L’Or du Rhin – et l’arrivée de Brünnhilde, les deux derniers actes ne se maintiennent hélas pas au même niveau. Le Wotan de Jukka Rasilainen reste un mystère: s’il faut peut-être imputer à la vision de Wilson ce dieu las et résigné, figé et distant, peu expressif, il reste que le baryton finlandais est trop irrégulier et, surtout, trop léger pour le rôle. De même, Linda Watson effectue une première apparition mitigée en Brünnhilde plus recueillie que primesautière: si elle maîtrise les pages lyriques par une ligne de chant subtilement ciselée, elle se montre plus approximative et moins assurée lorsque la vaillance entre en jeu.


Christoph Eschenbach adopte à nouveau une allure générale très retenue, soit près de quatre heures de musique, au risque, malgré des emballements soudains, de nuire à l’urgence et à la nécessité dramatiques. Si elle est cohérente, de ce point de vue, avec la réalisation scénique, la direction musicale privilégie en même temps une volupté sonore quasi straussienne, moins en phase avec l’épure que crée par ailleurs Wilson. L’Orchestre de Paris accuse ici ou là quelques signes de fatigue, fort excusables pour des musiciens qui ont joué plus de six heures et demie en deux jours, mais n’en demeure pas moins l’un des grandes triomphateurs de la soirée, se déployant avec une telle générosité que l’équilibre avec le plateau en paraît moins réussi que dans L’Or du Rhin, avec notamment des walkyries qui peinent à se faire entendre.


L’entreprise s’arrête ici à mi-chemin, car il faudra attendre 2006 pour découvrir la suite et la fin de ce premier cycle, avec Siegfried le 26 janvier et Le Crépuscule des dieux le 28 janvier.



Simon Corley

 

 

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