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Les Benaïm à toute épreuve

Paris
Salle Cortot
10/18/2005 -  
Wolfgang Amadeus Mozart: Quatuor n° 1, K. 73f [80]
Alfred Schnittke: Quatuor n° 3
Dimitri Chostakovitch: Quatuor n° 8, opus 110

Quatuor Benaïm: Yaïr Benaïm, Alexandra Greffin (violon), Myriam Guillaume (alto), Cédric Conchon (violoncelle)


La Salle Cortot accueille, le mardi et le jeudi, les «concerts de midi et demi» offerts par les élèves et professeurs de l’Ecole normale de musique. Ces manifestations gratuites – le public est simplement invité à contribuer selon son bon cœur, le produit étant destiné aux boursiers de l’Ecole – ne doivent nullement être sous-estimées: faute notamment de site internet, le programme de ces séances n’est disponible que sur place, mais il faut d’ores et déjà attirer l’attention sur le concert Hindemith autour de Dimitri Vassilakis (15 novembre), sur le récital de la violoniste Fanny Clamagirand (17 novembre), qui vient de remporter le premier prix du Concours Fritz Kreisler de Vienne, et sur le concert de Pierre-Henri Xuereb au violon et à l’alto (13 décembre).


Le retour du Quatuor Benaïm, déjà invité voici tout juste un an (voir ici), était également prometteur et, bien qu’ayant choisi un programme difficile, les Français ont été à la hauteur des espérances que l’on pouvait placer dans leur troisième prix au Concours de musique de chambre l’ARD (Munich) en 2004 et dans leurs prestations passées.


L’occasion d’entendre le Premier quatuor (1770) de Mozart n’est pas fréquente et, pour ce faire, les Benaïm avaient adopté une disposition rare: cordes graves au centre, faisant ainsi ressortir le dialogue des violons, sur les côtés, particulièrement développé dans l’Adagio initial. Préalablement instruit par le violoncelliste Cédric Conchon, qui indique à cette occasion qu’un enregistrement de ces quatuors de jeunesse est en préparation, les spectateurs n’auront effectivement pas été surpris d’y percevoir l’influence de l’opéra italien et français que le jeune prodige, alors âgé de quatorze ans, venait de découvrir. Ce duo des violons est suivi d’un vigoureux Allegro, les deux derniers mouvements – un Menuet bien carré et un Rondeau – étant de facture plus traditionnelle. De part en part, c’est en tout cas une véritable leçon de style qui est délivrée, donnant vie à chaque mesure à un Mozart tout sauf pusillanime, contrasté mais pas décousu, tour à tour tendre et turbulent.


Ayant repris leurs places coutumières, les musiciens s’attaquent ensuite au Troisième quatuor (1983) de Schnittke. Typique de la manière polymorphe de cet auteur prolifique, l’œuvre ressasse citations (d’entrée, la Grande fugue de Beethoven), références et réminiscences ironiques qui se heurtent à de violents éclats dissonants. Elle permet au Quatuor Benaïm de confirmer une solidité à toute épreuve et une superbe cohésion en même temps que des qualités individuelles équitablement réparties. Conjuguant précision et force expressive, les pizzicati claquent, les cordes crissent, dans une sauvagerie toujours très contrôlée: témoignage éloquent à l’appui de cette partition forte, inhabituellement resserrée, tant par son écriture que par sa durée (vingt et une minutes, les trois parties étant jouées d’une seule traite), au regard de la production du compositeur.


Le Huitième quatuor (1960) de Chostakovitch partage plusieurs caractères communs avec celui de Schnittke: conception d’un seul tenant, citations et, surtout, registre émotionnel voisin. Les Benaïm s’y montrent tout aussi à l’aise, ne sacrifiant pas à la surenchère (sobriété du Largo initial) tout en rendant justice à l’intensité dramatique du propos: un réel succès qui n’est gâché que par l’intervention intempestive d’une perceuse et d’un marteau au cours du Largo final…



Simon Corley

 

 

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